Physical Poetics 4 Micro Gravities
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Publiée | 2020-02-12 |
MICRO-GRAVITIES
Erg Galerie et Auditorium
Mercredi, 19 Février 2020, 7:00 pm
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Olfa Lopez : Objet de l’espace
The fascination of humankind for space has driven us to wonder, reflect and create for as long as humans can remember. It is now pushing us to broaden our reach into space. In this quest, the new environments we discover are forcing the frontiers of our imagination and creating the need for new tools, adapted to the unknown worlds yet to conquer. As an engineer working in space technology research, my work is to invent those tools.
Ma réflexion se construira autour de la création de nouvelles technologies spatiales. Je souhaite présenter mon travail d’ingénieure comme un processus de création collaboratif : non pas issu de chercheurs individuels, mais émergeant d’un réseau de compétences tendues vers la concrétisation d’idées en machines. Autour d’une machine gravite une constellation de représentations qui, dans leur diversité, constituent les différentes facettes de l’essence de cet objet. Acquérir, comprendre, inventer les langages qui sous-tendent ces représentations : c’est la pratique de l’ingénieur·e. Cette constellation de systèmes de représentation/de langage se place au centre de l’attention de l’ingénieur. Entre carte de géographie et recette de cuisine, les représentations de ces artefacts en-devenir sont le lien entre l’image mentale de leur créateur·ice, et la fabrication concrète de la machine. Olfa Lopez a organisé un workshop de 4 jours précédant à la séance de Physical Poetics où les différents participants découvriront la création d’une expérience scientifique pour la recherche spatiale, organisée autour des représentations qui pavent sa matérialisation. Confrontés à cette machine créée pour l’espace et testée en apesanteur, les participants en proposeront leur propre représentation. L’objectif du workshop est de présenter la science comme un dialogue sans cesse renouvelé ; un dialogue vieux comme l’humanité qui continue jusqu’à aujourd’hui. Une définition bien loin des vérités prémâchées avec lequel elle est souvent confondue. Ce qui émergera de cet atelier sera présenté à Physical Poetics #4.
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Olfa Lopez est chercheuse, prépare une thèse de doctorat au RWTH d’Aix-la-Chapelle (Allemagne) et travaille à l’Institut de Physique des Matériaux Spatiaux au German Aerospace Center (Cologne, Allemagne). Sa recherche cherche à comprendre le flux des matériaux granulaires dans des contextes de zero gravité, et à appliquer ce savoir à l’invention de processus, en vue de contrôler et d’imprimer en 3D des poudres dans l’espace. Née à Paris en 1992, elle détient un master en ingénierie de l’Université technique de Luleå (LTU, Suède), un master en sciences des matériaux (EEIGM, France) et un MBA (Université de Lorraine, France). Olfa Lopez a obtenu une bourse Network/ Partnering Initiative de l’European Space Agency (ESA) pour son travail doctoral, et une bourse Fly Your Thesis! 2019 de la part de ESA pour son projet sur l’impression en 3D. Dans ce cadre, elle gère une équipe interdisciplinaire d’étudiants en ingénierie, physique et sociologie.
Thomas Voigtmann : Modèles de matières
Il y a une beauté minimaliste frappante dans notre description mathématique de l’espace-temps et de la gravité à l’échelle cosmologique, où seulement quelques principes physiques demeurent pertinents. À l’échelle humaine cependant, une myriade de détails conspirent à déterminer le comportement des matériaux autour de nous. En tant que physicien théoricien, je suis à la recherche du langage mathématique en vue de formaliser de tels comportements. Je présenterai ma pratique de physique théorique comme l’art de faire des représentations abstraites de phénomènes physiques : cad. en omettant un maximum de détails possible, afin de préserver l’essence de ce qu’on veut décrire. Ceci implique de choisir un point de vue à partir duquel déconstruire l’observation. À côte de l’élégance mathématique, l’expérience de tous les jours nous guide à en faire ainsi – mais c’est exactement ce préconçu que nous devons interroger afin de comprendre comment des matériaux se comportent dans des conditions non-familières, comme dans celles de zéro gravité. À travers l’étude de matériaux familiers dont on s’entoure mais qui souvent échappent à notre attention, comme des liquides, des émulsions ou du sable, j’adresserai la dualité entre des principes premiers et le savoir empirique de représentations qualitatives et quantitatives. Chacune de ces catégories expriment des aspects de savoir spécifiques qui ont la même pertinence et se complètent, afin d’embrasser l’entièreté de la matière. À la fin, ces exemples ne font que mettre en relief que la science n’est pas une accumulation linéaire d’un savoir qui progresse sans cesse, mais plutôt une méthode qui rassemble plusieurs formes de savoir qui, pour chaque question à laquelle elle répond avec succès, réussit à en poser au moins deux nouvelles.
Thomas Voigtmann travaille en tant que chercheur en physique théorique sur la déformation et le flux de matériaux doux. Il construit des modèles mathématiques qui partent des constituants microscopiques du matériau, qu’il lie ensuite, par le moyen de modèles d’ordinateur, à des descriptions d’un continuum macroscopique. Un tel modèle couvre un large spectre d’échelles temporelles et spatiales, où l’information passe du petit/rapide au large/lent pour revenir au petit/rapide. Né en 1975 à Wiesbaden (Allemagne), il détient un PhD en Physique du Technische Universität München (2003) et travaille depuis 2014 comme professeur à l’Université de Düsseldorf (Allemagne) et à l’Institut des matériaux physiques dans l’espace au German Aerospace Centre à Cologne. Thomas Voigtmann a (co) publié une 90aine d’articles. Il a présenté son travail ainsi que des sujets avoisinants à des conférences scientifiques et des événements publics partout dans le monde. Il a reçu plusieurs bourses de recherche, deux prix pour son enseignement à l’Université de Konstanz, ainsi qu’une reconnaissance en tant que Référence Exceptionnelle du American Physical Society. Il est membre du comité de sélection pour Le Collège interdisciplinaire de l’Avenir, où il a été chercheur et est membre du comité exécutif.
Krassimir Terziev : Vues Parallaxes
L’année où l’homme posait pour la première fois le pied sur la Lune, dans une fusion sublime entre imaginaire humain et capacité technique, était également mon année de naissance à l’est du Rideau de Fer, au milieu des montagnes du Space Rase. Dans le cadre de ma présentation, je vais montrer et commenter une série de projets qui travaillent sur (et avec) l’imagerie de la présence de l’homme dans l’espace. Il semble au premier abord qu’avec cette imagerie je n’offre qu’un voyage qui paraît se dérouler dans le cosmos. Mais, en réalité, il s’agit d’un voyage à perspectives multiples, une dérive dans la virtualité réelle (vivant avec des images des réseaux digitaux), où le passage de la perspective humaine (niveau de l’oeil) à la perspective du satellite dans la distance de la stratosphère, la rareté d’oxygène (l’immatérialité de l’expérience online) et l’absence de sol solide sous les pieds (virtualité réelle), a conduit à l’état paradoxal où tout dans ce monde semble être intimement proche, à longueur de bras, à un clic d’écran, et, à la fois, cosmiquement distant. L’image dans ce voyage (ou dérive) est à la fois un objet avec une origine historique et un médium à partir duquel projeter des possibilités. J’offre un double mouvement : en avant, vers le présent, et en arrière, vers tout ce qui était un jour l’avenir. ____
Krassimir Terziev (Dobrich, °1969, Bulgaria) est un artiste et chercheur interdisciplinaire dont le travail utilise une diversité de médias, incluant la vidéo/le film, la photographie, la peinture/le dessin et le texte, pour questionner les frontières entre la réalité et la fiction, tout en explorant les transitions et les tensions entre un monde globalisé, dominé par une multiplicité d’imageries symboliques, et ses ancrages dans du ‘matériel’ technologique, physique et humain. Il détient un PhD en Anthropologie Culturelle de l’Université de Sofia (2012) et un master en peinture du National Academy of the Arts, Sofia (1997). Son travail fait partie des collections du Centre Pompidou/MNAM, Arteast 2000+ Collection, Moderna Galerija Ljubljana,… parmi d’autres. Terziev a exposé et montré son travail internationalement dans des musées, des festivals et des galeries. Il a reçu le Unlimited Award for Contemporary Bulgarian Art (2011), et le prix Gaudenz Ruf for New Bulgarian Art (2007). Il vit et travaille à Sofia.
Thomas Olbrechts : Inertia A & B
Thomas Olbrechts (°1975 / Bruxelles) est un musicien indépendant pour saxophone alto ainsi qu’un compositeur (instant) pour saxophone alto. Il a développé (reFLEXible, Champ d'Action, DRY SPEED...) un discours musical puissant confrontant des techniques rigides de saxophone et des systèmes de composition. En tant que saxophoniste alto pur sang, il explore les dynamiques les plus extrêmes, subtils, austères et abstraits, couvrant un spectre qui va de sons introvertis quasiment inaudibles à des séquences criantes, ou des façons de jouer explicitement liées à la tradition de la musique contemporaine et du jazz. T.O. utilise des micros pour amplifier l’intérieur du saxophone et des panoramiques gauche-droite pour projeter ses sons sur différents baffles. En tant que soloïste, il explore souvent les possibilités dynamiques de l’amplification architecturale. En janvier 2019 son premier album solo est sorti chez seminalrecords/ Brasil: https://seminalrecords.bandcamp.com/album/inertia-3. L’Album contient 10 pièces solo + 1 pièce pour ensemble (https://soundcloud.com/tags/thomas%20olbrechts).
Thomas Olbrechts composera pour Physical Poetics #4 deux pièces en rapport avec la problématique de la micro-gravité. Inertia est le titre de son album solo, dont il donnera ici une re-composition. Inertia B fonctionnera comme contrepoint à Inertia A.
Hugo Bonnet-Massip : Aspire
Hugo Bonnet-Massip est illustrateur et sérigraphe. Diplômé de l'Institut Supérieur des Arts de Toulouse et de L'École de Recherche Graphique à Bruxelles, il poursuit sa recherche sur les imaginaires stellaires. L'exploration spatiale, à ses balbutiements techniques au 16e siècle, se narre surtout à travers un imaginaire poétique ̶ les lunettes d'observation n'étant pas assez puissantes pour déceler les parcelles de la lune et de l'univers. Kepler, pionnier de l'observation lunaire, écrit une fable scientifique. Ainsi, une description précise des habitants de cette Lune y est faite, portrait de "martiens" habitant la Lune en parallèle à son traité d'astronomie. La rêverie poétique à laquelle est emprunté l'exploration spatiale, de part la nature de cette science, permet à Hugo Bonnet Massip de créer des mondes peuplés d'ailleurs, et d'étudier le rapport entre les mondes connus et ceux à imaginer. Au-delà de son travail d'illustrateur, il réalise des video-documentaires et des installations recoupant son intérêt non seulement pour l'art mais aussi pour la science. (Sinem Sahindokuyucu) Aspire (Vidéo 12min)
Il s’agit d’un court métrage qui souhaite ouvrir un débat sur les débris spatiaux. Depuis le début de la conquête spatiale, des millions de débris ne sont pas retombés pour fondre dans l’atmosphère. En orbite autour de la Terre, ils se croisent, se multiplient par collisions et créent une barrière pour les futurs lancements de la Nasa, l’ESA ou d’autres agences spatiales. Aspire veut montrer ce monde invisible au-dessus de notre tête. L’aspirateur, symbole de nettoyage, est là pour essayer de sauver cette Terre de ces débris. Et ça se casse la gueule, ça ne tient pas, c’est absurde. C’est aussi par la voie de l’humour qu’Aspire trouve son salut.
Ce court métrage se veut être une ode à l’amateurisme, rassemblant des curieux sur un projet spatial. Filmé par 7 personnes et des machines, il veut montrer le possible des choses. Qu’au final, c’est simple de toucher l’espace du bout des doigts.
Physical Poetics est un programme proposé par Alexander Schellow et Elke de Rijcke, soutenu par l’erg.
L’exposition à la Galerie ouvrira le 19 février à 6 pm, et restera accessible jusqu’au 21 février. Olfa Lopez, Krassimir Terziev et Hugo Bonnet-Massip y présentent des vidéos et d’autres oeuvres, parallèle à la soirée de PP#4.