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Program Physical Poetics : Différence entre versions

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Dans cette seconde soirée de Physical Poetics, nous vous invitons à découvrir trois intervenants issus de champs différents qui, chacun à leur manière, se rapporteront à la problématique du plagiat, la citation et l’auto-citation. Stéphane Bouquet, poète et essayiste, s’arrêtera dans sa lecture-conférence Comme dit l’autre…  au statut de la citation et de ses dérivés en littérature. Daniel Linehan, chorégraphe (Hiatus), proposera dans Réfléchir sur un Corps de Travail une chorégraphie sur les traces de mouvements de danses (citées, tronquées, imaginées), restées dans son corps après 15 ans de performances. Daniel Dariel, musicien, s’engagera de son côté dans un concert sur le rapport au plagiat. Le tout sera arrosé vers la fin par un verre de mojito, aussi bien que possible plagié.
 
Dans cette seconde soirée de Physical Poetics, nous vous invitons à découvrir trois intervenants issus de champs différents qui, chacun à leur manière, se rapporteront à la problématique du plagiat, la citation et l’auto-citation. Stéphane Bouquet, poète et essayiste, s’arrêtera dans sa lecture-conférence Comme dit l’autre…  au statut de la citation et de ses dérivés en littérature. Daniel Linehan, chorégraphe (Hiatus), proposera dans Réfléchir sur un Corps de Travail une chorégraphie sur les traces de mouvements de danses (citées, tronquées, imaginées), restées dans son corps après 15 ans de performances. Daniel Dariel, musicien, s’engagera de son côté dans un concert sur le rapport au plagiat. Le tout sera arrosé vers la fin par un verre de mojito, aussi bien que possible plagié.
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===Physical Poetics #2===
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{{vimeo|306176347}}
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plagiat, auto-plagiat, citation, auto-citation
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Stéphane Bouquet
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Comme dit l’autre…
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Qu’est-ce qu’une trace en littérature ? Qu’est-ce qui fait trace et comment et pourquoi ? Cette lecture proposera de s’arrêter quelques instants sur le statut de la citation. Aujourd’hui s’est développée une sacro-sainte terreur - très individualiste, et très petit propriétaire – du plagiat. Recopier un autre, c’est mal paraît-il. Des gens perdent leur travail, à cause du plagiat. Je trouve cela terrible et terrifiant. Comme si recopier les phrases d’un autre, ce n’était pas à sa façon penser, inventer, réécrire. Je pratique peu le plagiat dans mes textes (enfin je crois) mais beaucoup la citation qui est une autre forme de plagiat, surtout si les citations sont apocryphes (on attribue à quelqu’un une phrase qu’il ou elle n’a jamais dite) ou si – comme cela m’arrive parfois et volontairement – on oublie de mettre des guillemets. Walter Benjamin rêvait de les oublier toujours, il rêvait de supprimer les guillemets.
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De toute façon, si l'on était vraiment conséquent, il serait après tout possible de mettre des guillemets autour de tous les mots parce qu’après tout tous les mots - à l’exemption des néologismes – ont déjà été dits. Bref pourquoi citer, pourquoi vouloir citer ? Pourquoi vouloir accumuler des traces des autres dans sa voix, dans son corps ?
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Cette lecture-conférence (mixte comme son nom l'indique de lecture et de conférence) proposera quelques pistes de réponses.
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Stéphane Bouquet a publié plusieurs livres de poésie chez Champ Vallon (Les derniers en date, Les Amours suivants et Vie commune, Champ Vallon, 2013 et 2016). Il a proposé une traduction de divers poètes américains dont Paul Blackburn, James Schuyler et Peter Gizzi. Son tout dernier livre paraît en avril 2018 : La Cité de Paroles, méditations sur la poésie dans la collection « en lisant, en écrivant » de José Corti.
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Il est par ailleurs co-scénariste après avoir été longtemps critique aux Cahiers du cinéma. Il a publié des études sur Clint Eastwood, Gus Van Sant, Eisenstein et Pasolini.
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Il a participé – en tant que danseur ou dramaturge – aux créations chorégraphiques de Mathilde Monnier, Déroutes (2002) et frère&sœur (2005). Et collabore régulièrement au théâtre avec Robert Cantarella.
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Daniel Linehan
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Réfléchir sur un Corps de Travail
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Dans cette performance, je me propose de partager une version en construction de Corps de Travail, un solo que je développe en ce moment et où je revisite du matériau de danse de performances réalisées ces 15 dernières années. Ma méthode consiste à éviter de revoir des vidéos ou de la documentation sur mon travail, mais de permettre aux traces qui perdurent dans mon corps de m’adresser la parole. Comment les traces des danses du passé vivent dans mon corps aujourd’hui ? J’œuvre à créer une chorégraphie qui prend en compte le passage du temps, qui reconnaît que le passé est toujours profondément inscrit dans le moment présent. L’idée n’est pas de re-jouer les performances du passé comme elles étaient, mais de permettre à mon matériau de danse de se modifier, tout comme mon corps s’est modifié, et d’ouvrir ainsi à de nouvelles combinaisons de gestes et de textes en vue de déclencher de nouvelles associations. Le solo prend la forme d’un souvenir à angles doux, à hiatus où des mouvements ont été oubliés, à distorsions où des mouvements ont été mal ressouvenus ou ré-imaginés. Dans ma réflexion sur mes 15 ans de création de performances de danse, je pense aux deux personages du poème Dusting de Julia Alvarez. Il y a la fille qui trace tous les matins son nom dans la poussière, et la mère qui enlève la poussière. Ne suis-je pas ces deux personages en même temps ? Dans cet art éphémère nommé danse, ne suis-je pas celui qui écrit à chaque fois à nouveau son nom dans la poussière, et celui qui à chaque fois à nouveau enlève la poussière ? C’est ainsi que je conçois la création de ce solo. Je collecte les restes poussiéreux de mes chorégraphies passées et les reconstitue en de nouvels ensembles où quelque chose s’ajoute à ce qui n’a pas encore été dit auparavant.
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Daniel Linehan (1982) a étudié la danse à Seattle, puis s’est installé en 2004 à NY où il a travaillé professionnellement comme danseur et chorégraphe. En 2008, Linehan s’installe à Bruxelles, où il complète son cycle de recherche à P.A.R .T.S et établira sa compagnie de danse Hiatus. Le travail chorégraphique de Daniel Linehan se propose d’effacer subtilement la frontière entre la danse et toute autre type d’activité. Il aborde la création d’une performance du point de vue d’un amateur curieux, teste plusieurs types d’interactions entre formes de danse et non-danse, va à la recherche de conjonctions, de juxtapositions inattendues et de parrallèles entre textes, mouvements, images, chansons, vidéos et rythmes. Ses œuvres récentes créées en Belgique incluent Un Sacre du Printemps (2015), dbddbb (2015), Flood (2017) et Third Space (2018). Depuis 2015, Hiatus est soutenu par les autorités flamandes. Daniel Linehan est Creative Associate au Singel International Art Campus 2017-2021.
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Daniel Dariel
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Concert : "ma chambre est au troisième"
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(La parole est en surface, et le geste comme en profondeur) - tout ceci est joué et se joue "très vite".
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Il y a comme (comme encore) lieu d'exercer un double jeu; celui de la description d'un paysage, causé par les figures ou personnages que l'on y ferait cohabiter (un jeu d'acteurs) - et celui d'une forme musicale qui en accompagne les monologues interposés, et en lie les sautes de syntaxes (avec toute l'affection du monde).
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Ces personnages, ou figures, sont au demeurant non-identifiés. Les attributs (de gestes, de paroles) qui viendront les envelopper nous donneront certainement une idée de leur volume, dans le semblant de présence que l'on pourra leur accorder parmi nous (des corpus d'images). Il y a une séparation inconciliable entre ces "jeux"; ils se miment l'un l'autre, le corps et la narration, et en voulant se rendre présent ensemble ne parviennent souvent qu'à se défaire. Et non, c'est tant mieux (jusqu'ici, tout va bien).
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Daniel Dariel est artiste et musicien inclassable. Il a obtenu récemment son degré de Master à l’erg.
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suivi d’un drink, plagiat d’un cocktail réputé (sld Tom Valckenaere)
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mercredi 14 novembre 2018
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Audi erg
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rue du Page 87, Ixelles
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7-10 PM
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Physical Poetics # 2 est un programme proposé par Alexander Schellow et Elke de Rijcke, soutenu par l’erg.
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Stéphane Bouquet
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As the other one says....
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What is a trace in literature? What inscribes a trace and how and why? This reading will propose to reflect on the status of quotation. Today, a sacrosanct terror has developed - very individualistic, and very ‘little small property owner’ - the one of plagiarism. It seems wrong to copy the other. People lose their jobs because of the plagiarism. I find it terrible and terrifying. As if copying sentences from another person, wasn't a particular way of thinking, inventing, rewriting. I practice little plagiarism in my texts (well, I think) but quote a lot, which is another form of plagiarism, especially if the quotations are apocryphal (we attribute to someone a sentence that he or she has never said) or if - as I sometimes and voluntarily do - we forget to put quotation marks. Walter Benjamin dreamed of forgetting them forever, he dreamed of removing the quotation marks.
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In any case, if we were really consistent, it would after all be possible to put quotation marks around all the words because finally all the words - with the exception of neologisms - have already been said. In short, why quote, why want to quote? Why do you want to accumulate traces of others in your voice, in your body?
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This lecture-conference (mixed as its name suggests, reading and conference) will offer some possible answers.
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Stéphane Bouquet has published several books of poetry at Champ Vallon (The last ones : Les Amours suivants and Vie commune, Champ Vallon, 2013 and 2016). He proposed translations of various American poets including Paul Blackburn, James Schuyler and Peter Gizzi. His latest book was published in April 2018: La Cité de Paroles, meditations on poetry, published within the collection en lisant, en écrivant by José Corti.
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He is also collaborator in scriptwriting, after having been a critic for a long time at Cahiers du cinéma. He has published studies on Clint Eastwood, Gus Van Sant, Eisenstein and Pasolini.
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He has participated - as dancer or dramaturge - in the choreographic creations of Mathilde Monnier, Déroutes (2002) and frère&sœur (2005). Within the field of theatre, he regularly collaborates with Robert Cantarella.
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Daniel Linehan
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Reflecting on a Body of Work
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In this performance, I will share a work-in-progress version of Body of Work, a solo I am currently developing in which I re-visit dance material from performances that I have made during the past 15 years. My method is to avoid looking at videos and documentation of my work and to allow the traces that still remain in my body to speak back to me. How do these traces from my past dances exist in my body today? I am working to create a choreography of the passage of time, which recognizes that the past is always very much inscribed in the present. The idea is not to re-play the past performances exactly as they were, but to allow my dancing material to change, just as my body has changed, and to allow new combinations of gestures and text to spark new associations. The solo takes on the form of a memory, with soft edges, and gaps where movements have been forgotten, and distortions where movements have been mis-remembered or re-imagined. In my reflection on my 15 years of creating dance performances, I think of the two characters in Julia Alvarez’s poem “Dusting.” There is the daughter who signs her name in the dust each morning and the mother who wipes the dust away. Am I not both of these characters? In this fleeting art form called dance, am I not the one who again and again signs his name in the dust, as well as the one who, again and again, wipes the dust away? This is how I conceive of the creation of this solo. I collect the dusty remains of my past choreographies and I re-constitute them into new entities with something further to say, something which remained unsaid before.
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Daniel Linehan (1982) first studied dance in Seattle and then moved to New York in 2004, where he worked professionally as a dancer and choreographer. In 2008, Linehan moved to Brussels where he completed the Research Cycle at P.A.R.T.S. and where he later established his dance company, Hiatus. Linehan’s choreographic work is intent on softly obscuring the line that separates dance from everything else. He approaches performance-making from the point of view of a curious amateur, testing various interactions between dance and non-dance forms, searching for unlikely conjunctions, juxtapositions, and parallels between texts, movements, images, songs, videos, and rhythms. His recent works created in Belgium include Un Sacre du Printemps (2015), dbddbb (2015), Flood (2017), and Third Space (2018). Since 2015 Hiatus has been supported by the Flemish authorities. Daniel Linehan is a Creative Associate at deSingel International Arts Campus 2017-2021.
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Daniel Dariel
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Concert : "my room is on the third"
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(The word is on the surface, and the gesture as in depth) - all this is played and plays itself "very quickly".
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There is (still is) a need to play a double game : that of describing a landscape, caused by the figures or characters that one would make there cohabit (a set of actors) - and that of a musical form that accompanies its interposed monologues, and links the syntax jumps (with all the affection of the world).
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These characters, or figures, are unidentified. The attributes (of gestures, words) that will surround them will certainly give us an idea of their volume, in the semblance of a presence that we can give them among us (corpuses of images). There is an irreconcilable separation between these "games"; they mimic each other, the body and the narrative, and by wanting to make themselves present together often only manage to desintegrate. And no, that's good (so far, so good).
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Daniel Dariel is an unclassifiable artist and a musician. He obtained recently his Master degree at the erg.
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followed by a drink, plagiarism of a famous cocktail (odo Tom Valckenaere)
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wednesday november 14th 2018
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Audi erg
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rue du Page 87, Ixelles
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7-10 PM
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Physical Poetics # 2 is a program proposed by Alexander Schellow and Elke de Rijcke, supported by the erg.
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Version du 16 août 2021 à 11:44

Physical Poetics #1

Physical Poetics propose une plateforme où arts, sciences et littérature se rencontrent. En 2018-2019, nous proposons à l’erg trois événements/expériences à couches multiples, selon un format particulier à chaque soirée. Notre objectif est de mettre en résonance des artistes, scientifiques, penseurs, écrivains, traducteurs et chercheurs tous domaines, qui développent un travail original, novateur et de grande qualité. Notre intérêt spécifique va à la création d’une plateforme de création et de recherche à Bruxelles, où nous souhaitons présenter des processus de travail à haute valeur poétique.

Physical Poetics #1 aura lieu le 4 octobre 2018 à 7 PM à l’Auditoire erg, rue du Page 87, 1060 Bruxelles.

Pour Physical Poetics #1, nous avons invité Giovanni Frazzetto (médecin et neuroscientifique, Irlande), Eva Meyer-Keller (performance artist, Berlin), Rares Craiut et Mana Constantinescu (food artists), et Gabriel Franjou (ergote radio, dj).


Giovanni Frazzetto

L’Art et la science des émotions

Ma participation à Physical Poetics est motivée par la rencontre entre arts et sciences, en vue de mieux comprendre nos émotions.

L’émotion se prête à une enquête transdisciplinaire car elle constitue un objet d’étude dans plusieurs domaines de la production du savoir. Elle est une réponse corporelle à des circonstances externes, tout comme une marque d’expression de soi ; elle investit les territoires de l’art, prend part à la langue, informe et émerge des cadres collectifs de conscience, et cela à travers les peuples, les temps et les contextes.

Dans mon intervention, je vais aborder ce qu’on peut apprendre des enseignements d’expériences dans le domaine de la psychologie et des neurosciences, tout comme ce que nous instruisent les savoirs et pratiques dans le domaine des arts et des sciences humaines pour pouvoir expérimenter notre vie émotionnelle.

En mélangeant des histoires et des expériences du laboratoire, je vais m’étendre sur la culpabilité, l’angoisse, la tristesse, la joie, l’amour et le phénomène de l’empathie. J’aborderai des problématiques comme la production d’images, la biographie et l’individualité, la créativité et la synchronicité, telles qu’elles apparaissent dans l’art du portrait, le cinéma, la philosophie, la photographie, la composition poétique, la performance, le théâtre et le design technologique.

° Giovanni Frazzetto a grandi en Sicile. Il a fait ses études à Londres et a obtenu un PhD du Laboratoire Européen en Biologie Moléculaire à Heidelberg. Il a travaillé sur les rapports entre sciences, arts et sciences humaines, et a été chercheur au Berlin Institue for Advanced Studies. Son premier livre, How We Feel (Comment nous sentons), a été sélectionné parmi les meilleurs livres en Psychologie par Guardian en 2013 et a été publié en plus de 12 pays. Il est aussi l’auteur de Together, Closer : Stories of Intimacy in Friendship, Love and Family (2018).


Eva Meyer-Keller

Peser les perspectives

Dans cette lecture performance, je voudrais partager ma recherche artistique récente dans le domaine de la biologie moléculaire. Je prévois de performer certains éléments en live, de montrer des extraits de vidéo et de photos, ainsi que de parler au sujet des histoires, questions et observations rencontrées jusqu’à présent.

Mon travail a examiné en profondeur le rapport entre arts et sciences. Je les comprends comme des approches spécifiques en vue de tester et d’évaluer le monde autour de nous. Je suis convaincue qu’une approche intuitive, qui naît au milieu même des choses ─ matérielles et physiques –, peut créer par voie expérimentale du savoir alternatif dans le sens plein du mot, et que des systèmes, des constructions et des modèles scientifiques sont plus proches de la spéculation ou de la performativité qu’ils ne le semblent à première vue.

En tant que non-initiés, nous savons en général très peu sur la façon dont le savoir est généré dans le champ de la biologie moléculaire, comment les choses sont observées, ou quelle est la nature précise des expériences. Dans ce vide, nos idées sont influencées soit par des discours autour de l’innovation et de l’optimisation, soit par des dystopies futuristes (autour du clonage par ex). Ma présentation souhaite créer un espace sensoriel en vue d’expérimenter, de poser des questions et d’intensifier la conscience de ce que nous faisons quand nous essayons de comprendre ‘la vie’.

Je m’intéresse à la nature haptique et à la matérialité de leur environnement professionnel. Leur expérience concrète et sensorielle est indispensable à notre transposition enjouée d’environnements de recherche, et je prévois de mettre en contraste les conditions délibérément stériles et objectives du labo, et nos conditions rudes, sales et basiques de la scène. Je me propose également d’observer les procédures qui déterminent comment le matériel biologique est préparé avant d’être observé à travers le microscope. Je vais traduire des procédures en utilisant des matériaux quotidiens. À travers ce type d’investigations absurdes, un savoir non espéré pourrait être obtenu.

° Eva Meyer-Keller (*1972) vit et travaille à Berlin. Elle travaille à l’interface de la chorégraphie, la performance et les arts visuels, et a une fascination pour les sciences naturelles et les approches transdisciplinaires. Son travail artistique se caractérise par une attention méticuleuse au détail. Eva utilise souvent des objets quotidiens, trouvés chez elle, au supermarché ou dans la cabane de jardin, ce qui donne à son travail une esthétique obsessive et domestique. Sa méthode de travail est marquée par une négation constructive de toute sorte de frontière entre les arts visuels et performatifs. Durant son parcours artistique, Eva a développé un nombre de performances solos et en groupe, tout comme des formats prévus pour des expositions, installations, films et workshops. Elle développe ses projets seule, ou en collaboration avec d’autres artistes.


Rareș Augustin Crăiuț

Anximentara

Durant la dernière décennie du socialisme roumain, la majeure partie de la population partageait et contribuait à une sensation généralisée d’angoisse. D’une part, il y avait des pénuries constantes de nourriture, de chauffage, d’électricité, etc… D’autre part, la Roumanie comptait parmi les états policiers les plus stricts, armé d’une police secrète qui donnait l’impression d’être présente partout, de sorte que n’importe quelle plainte ─ publique ou privée ─ pouvait avoir d’énormes conséquences, de la prison à pire.

« Alimentara » était le nom du système de magasins de distribution de nourriture. Centralisés et appartenant à l’Etat, ils étaient souvent vides, ou offraient seulement quelques (et toujours les mêmes) produits dont tout le monde avait marre. Ils formaient un réseau de magasins semi-vides pleins de jars, dont tout le monde devenait malade, mais qui pourraient éventuellement offrir du soulagement dans l’absence de tout autre chose. Les vendeurs de ces magasins, disposant de beaucoup de temps et avec des jars dans leurs mains, construisaient des structures et des dispositifs élaborés. Des rayons et des rayons de jars, construits les uns sur les autres, rappelant à chacun que le temps dans les régimes socialistes/communistes était immuable. Une sérialité qui n’annonçait jamais quelque chose de bien, que ce soit à manger ou autre chose.

La fenêtre « Alimentara » émerge comme un dispositif d’angoisse liée à la nourriture. L’occupation maniacale de construire des dispositifs de nourriture à partir de jars, revient à une sorte de thérapie occupationnelle qui remplace la nourriture d’angoisse ou d’autres mécanismes copiant l’angoisse. Des totems de jars socialistes à la sauce de tomates, renvoyant à des frustrations ou des angoisses alimentaires. Des jars liés au temps de l’angoisse.

° Rares Augustin Craiut est un chercheur artistique, performeur, chef et représentant de la société civile. Il a étudié le théâtre en Roumanie à l’Université de Babes-Bolyai, puis la performance et la recherche artistique à a.pass à Bruxelles. Son travail est pour la majeure partie lié à la nourriture et la performance, développant de nouveaux modes de se nourrir, et de nouvelles façons de percevoir l’alimentation depuis une perspective responsable. Depuis 2013, Rares développe une recherche artistique intitulée ‘’performing food’’ (www.performingfood.com), qui examine la consommation de nourriture à travers l’expérimentation artistique et la cuisine, depuis des points de vue à la fois matériels et conceptuels.


Maria-Elena Constantinescu

Guilt Portraits

La culpabilité est la base de l’éducation et de la morale judéo-chrétienne. Utilisée par les médias et amplifiée par les réseaux sociaux, le sentiment de culpabilité nous affecte dans beaucoup de domaines, notamment dans tout ce qui touche au plaisir en général, et à l’alimentation en particulier. Mana transforme des entretiens, des fragments de textes et des monologues cinématographiques en une expérience multisensorielle en résonance avec le vécu des participants. Guilt est un travail qui prolonge le projet du Comfort Food Continuum, mais dans une perspective opposée. La performance se déroulera dans un espace à la fois intime et public, où l’audience sera invitée à se (dé)couvrir et analyser la culpabilité en lien avec la nourriture.

° Née à Bucarest, Mana vit et travaille à Bruxelles depuis 1992. Après des études aux Beaux-Arts, elle commence à travailler comme illustratrice et directrice artistique. Depuis les années 2000, elle développe un lien de plus en plus profond avec le « food » comme médium, à travers la photo, le stylisme, le food design et la direction artistique culinaire. Éclectique et curieuse, Mana explore les rapports intimes entre la nourriture, les rituels de préparation et de consommation, la mémoire et l’affect. Elle a collaboré aux ateliers OLP (objet littéraire plastique), à la scénographie de boxes culinaires de chefs (Culinaria), à la création d'un pop-up restaurant « Bruxelles, l'immigration et leurs cultures culinaires » . Elle a créé une installation gustative au magasin Relax Factory (Design September). En 2016, elle a participé avec Rares Craiut et Xavier Gorgol au projet artistique, social et poétique Comfort Food Continuum, à Baia Mare en Roumanie.


Gabriel Franjou

Ergote Radio propose dans un premier temps un soundscape pour accompagner la conférence, une postproduction de l'album Providence de Nathan Fake sorti en 2017, dont les thèmes, les sons électriques et grouillants, et la profonde force émotionnelle seront récupérés. Puis, dans un second temps, une sélection de sons et musiques qui joue avec les codes de la chanson émotionnelle."



Jeudi 4 octobre 2018 Audi erg, rue du Page 87, Ixelles 7-10 PM

Physical Poetics #1 est un programme proposé par Alexander Schellow et Elke de Rijcke, soutenu par l’erg.




Physical Poetics : Program #1


Physical Poetics offers a platform where practices within the arts, science and literature step in resonance towards each other. In 2018-2019, we propose three events / multi-layered experiences, unfolding each time as a particular format. Our goal is to bring together artists, scientists, thinkers, writers, translators and researchers from various fields, who develop for this occasion original propositions. Our interest lies in the creation of a particular place for practice and research in Brussels, where we wish to produce and present working processes with a specific poetic value.

Physical Poetics # 1 will be held on October 4, 2018 at 7 PM at the Auditorium of the erg, rue du Page 87, 1060 Brussels.

For Physical Poetics # 1, we invited Giovanni Frazzetto (doctor and neuroscientist, Ireland), Eva Meyer-Keller (performance artist, Berlin), Rares Craiut and Mana Constantinescu (food artists, Romania/Belgium), and Gabriel Franjou (ergote radio / dj, Belgium).


Giovanni Frazzetto

The Art and Science of Emotions

The overarching background to my participation in Physical Poetics is the encounter between art and science for the understanding of emotions. Emotions lend themselves to transdisciplinary inquiry and enjoy manifold citizenship across territories of knowledge production. Emotions are bodily responses to external circumstances as well as outcomes of self-expression; they permeate art, partake of language, and inform as well as emerge from collective framings of consciousness, across peoples, time and contexts. I will be addressing the question of what we can learn to experience our emotional life, by simultaneously drawing insights from experimentation in psychology and neuroscience and from knowledge and practice in diverse fields in art and the humanities. Mixing storytelling with experience from the laboratory, I am going to tell of emotions such as guilt, anxiety, grief, joy, love and the phenomenon of empathy, addressing themes such as image production, biography and individuality, creativity and synchronicity, in portraiture, film, philosophy, photography, poetical composition, as well as performance, theatre and technological design.

° Giovanni Frazzetto grew up in Sicily. He went to college in London and received a PhD from the European Molecular Biology Laboratory in Heidelberg. He has worked on the relationship between science, art and the humanities and was a Fellow at the Berlin Institute for Advanced Study. His first book, How We Feel, was among the 2013 Guardian Best Psychology Books and has been published in more than a dozen countries. He is also the author of Together, Closer: Stories of Intimacy in Friendship, Love and Family.


Eva Meyer-Keller

Pondering Perspectives

In this performance lecture I will share my artistic research of the last month into molecular biology. I plan to perform some elements live, show video excerpts and photographs and talk about the stories, questions and observations that I encountered so far. My work has long examined the relationship between art and science. I understand both as specific ways of testing and evaluating the world around us. I am convinced that an intuitive approach, which begins in the realm of things – material and physical – can create alternative knowledge ‘experimentally’, in the full sense of the word and that scientific systems, constructs and models have more to do with speculation and performativity than is obvious at first sight. As lay people, we usually know very little about how knowledge is generated in the field of molecular biology, how things are actually observed or what the nature of the experiments concretely are. In this vacuum, our ideas are influenced either by discourses around innovation and optimisation or futuristic dystopias (around cloning, for example). My presentation would like to provide a sensory space to experience, ask questions and to raise awareness of what we do when we try to understand ‘life’. I am interested in the haptic nature and materiality of their professional environment. Their concrete, sensory experience is indispensable to our playful transposition of research environments, contrasting the deliberately sterile, objective conditions of the lab with our rough, dirty, basic conditions on stage. I will e.g. look at procedures how biological material is prepared before it is even looked at through a microscope. I’m committed to translate these procedures using everyday materials. Through this kind of absurd investigation a yet unexpected knowledge might be obtained.

° Eva Meyer-Keller (*1972) lives and works in Berlin. She works at the interface of choreography, performance and visual art and has a fascination for natural sciences and trans-disciplinary approaches. Her artwork is distinguished by its meticulous attention to detail. Eva often uses everyday objects from her immediate surroundings, things that she finds at home, in the supermarket or in the toolshed. This lends the work an obsessive, domestic aesthetic. Her working method is marked by a constructive disregard for the imposition of any boundary between visual and performing arts. Throughout her artistic career, Eva has developed a number of solo and group performance pieces, as well as exhibition, installations, films and workshop formats. Eva develops projects alone and in collaboration with other artists.



Rareș Augustin Crăiuț

Anximentara


During the last decade of Romanian socialism most of the population was sharing and contributing to a generalised sense of anxiety. On the one hand there were all the food, heat, electricity etc. shortages, and on the other hand Romania was one of the heaviest policed states, with the secret police giving the impression that they are everywhere and anywhere and any complaint, public or private, could have severe results, from jail time to even worse.

« Alimentara » was the state owned, centralised, food distribution shop system and was very often empty or with the same few products that everyone had grown tired of. A network of semi-empty stores full of jars that everyone had grown sick and tired of but which would eventually provide solace in the absence of anything else. With a lot of time and jars on their hands the shop sellers built elaborate structures and displays. Rows and rows of the same jars, built on top of each other, reminding everyone that time in socialism/communism is the same and forever. A seriality that never announced anything good, to eat or otherwise.

The « Alimentara » window emerges as a food related anxiety display. The maniacal occupation of building up the food display out of jars stands for a kind of occupational therapy replacing anxiety eating or other anxiety coping mechanisms. Socialist pop tomato paste jar totems of food frustrations and anxiety. Anxiety-time-jars.

° Rareş Augustin Crãiuţ is an artistic researcher, performer, chef and civil society representative. He studied theatre in Romania at the Babes-Bolyai University and performance and artistic research at a.pass in Brussels. His work is mostly related to food and performance the possibilities opened up to developing new modes of eating and new ways of perceiving food from a responsible perspective. Since 2013 Rares is working on developing a food and performance artistic research titled ‘’performing food’’ (www.performingfood.com) examining through artistic experimentation and cuisine the consumption of food from both material and conceptual points of view.


Maria-Elena Constantinescu

Guilt Portraits

Guilt is the basis of Jewish-Christian education and morality. Used by the media and amplified by social networks, the feeling of guilt affects us in many areas, including those related to pleasure in general, and to food in particular.

Mana transforms interviews, text fragments and film monologues into a multisensory experience that resonates with the experiences of the participants. "Guilt" is a work that extends the "Comfort Food Continuum", but from an opposite perspective. The performance will take place in a space that is both intimate and public, and the audience will be invited to discover and reflect the culpability of the food.

° Born in Bucharest, Mana has lived and worked in Brussels since 1992. After studying Fine Arts, she began working as an illustrator and artistic director. Since the 2000s, she has developed a deeper link with food as a medium, through photography, fashion design, food design and culinary art direction. Eclectic and curious, Mana explores the intimate relationships between food, rituals of preparation, consumption, memory and affect. She has collaborated with the OLP workshops (plastic literary object), with the scenography of culinary boxes of chefs (Culinaria), with the creation of a pop-up restaurant "Brussels, immigtation and their culinary cultures”. She created a taste installation at the Relax Factory store (Design September). In 2016, she participated with Rares Craiut and Xavier Gorgol within the artistic, social and poetic project "Comfort Food Continuum", taking place in Baia Mare, Romania.


Gabriel Franjou

Ergote Radio offers a sound component to the conference, first a selection of emotionally charged sounds in response to the words of Giovanni Frazzeto, and secondly an acoustic animation of the evening.

° Gabriel René Franjou, French-American, enters the erg in 2014. His practice questions the nature and the value of affects in the digital world.


Thursday October 4th 2018 Audi erg, rue du Page 87, Ixelles 7-10 PM

Physical Poetics # 1 is a program proposed by Alexander Schellow and Elke de Rijcke, supported by the erg.

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Dates : mercredi 14 novembre : Audi Page, 19h-22h Nombre de participant.e.s : non précisé Enseignant.e.s responsables : Elke de Rijcke & Alexander Schellow. inscripition : elke.derijcke@gmail.com

Dans cette seconde soirée de Physical Poetics, nous vous invitons à découvrir trois intervenants issus de champs différents qui, chacun à leur manière, se rapporteront à la problématique du plagiat, la citation et l’auto-citation. Stéphane Bouquet, poète et essayiste, s’arrêtera dans sa lecture-conférence Comme dit l’autre… au statut de la citation et de ses dérivés en littérature. Daniel Linehan, chorégraphe (Hiatus), proposera dans Réfléchir sur un Corps de Travail une chorégraphie sur les traces de mouvements de danses (citées, tronquées, imaginées), restées dans son corps après 15 ans de performances. Daniel Dariel, musicien, s’engagera de son côté dans un concert sur le rapport au plagiat. Le tout sera arrosé vers la fin par un verre de mojito, aussi bien que possible plagié.

Physical Poetics #2

plagiat, auto-plagiat, citation, auto-citation

Stéphane Bouquet

Comme dit l’autre…

Qu’est-ce qu’une trace en littérature ? Qu’est-ce qui fait trace et comment et pourquoi ? Cette lecture proposera de s’arrêter quelques instants sur le statut de la citation. Aujourd’hui s’est développée une sacro-sainte terreur - très individualiste, et très petit propriétaire – du plagiat. Recopier un autre, c’est mal paraît-il. Des gens perdent leur travail, à cause du plagiat. Je trouve cela terrible et terrifiant. Comme si recopier les phrases d’un autre, ce n’était pas à sa façon penser, inventer, réécrire. Je pratique peu le plagiat dans mes textes (enfin je crois) mais beaucoup la citation qui est une autre forme de plagiat, surtout si les citations sont apocryphes (on attribue à quelqu’un une phrase qu’il ou elle n’a jamais dite) ou si – comme cela m’arrive parfois et volontairement – on oublie de mettre des guillemets. Walter Benjamin rêvait de les oublier toujours, il rêvait de supprimer les guillemets.

De toute façon, si l'on était vraiment conséquent, il serait après tout possible de mettre des guillemets autour de tous les mots parce qu’après tout tous les mots - à l’exemption des néologismes – ont déjà été dits. Bref pourquoi citer, pourquoi vouloir citer ? Pourquoi vouloir accumuler des traces des autres dans sa voix, dans son corps ?

Cette lecture-conférence (mixte comme son nom l'indique de lecture et de conférence) proposera quelques pistes de réponses.


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Stéphane Bouquet a publié plusieurs livres de poésie chez Champ Vallon (Les derniers en date, Les Amours suivants et Vie commune, Champ Vallon, 2013 et 2016). Il a proposé une traduction de divers poètes américains dont Paul Blackburn, James Schuyler et Peter Gizzi. Son tout dernier livre paraît en avril 2018 : La Cité de Paroles, méditations sur la poésie dans la collection « en lisant, en écrivant » de José Corti. Il est par ailleurs co-scénariste après avoir été longtemps critique aux Cahiers du cinéma. Il a publié des études sur Clint Eastwood, Gus Van Sant, Eisenstein et Pasolini. Il a participé – en tant que danseur ou dramaturge – aux créations chorégraphiques de Mathilde Monnier, Déroutes (2002) et frère&sœur (2005). Et collabore régulièrement au théâtre avec Robert Cantarella.






Daniel Linehan


Réfléchir sur un Corps de Travail

Dans cette performance, je me propose de partager une version en construction de Corps de Travail, un solo que je développe en ce moment et où je revisite du matériau de danse de performances réalisées ces 15 dernières années. Ma méthode consiste à éviter de revoir des vidéos ou de la documentation sur mon travail, mais de permettre aux traces qui perdurent dans mon corps de m’adresser la parole. Comment les traces des danses du passé vivent dans mon corps aujourd’hui ? J’œuvre à créer une chorégraphie qui prend en compte le passage du temps, qui reconnaît que le passé est toujours profondément inscrit dans le moment présent. L’idée n’est pas de re-jouer les performances du passé comme elles étaient, mais de permettre à mon matériau de danse de se modifier, tout comme mon corps s’est modifié, et d’ouvrir ainsi à de nouvelles combinaisons de gestes et de textes en vue de déclencher de nouvelles associations. Le solo prend la forme d’un souvenir à angles doux, à hiatus où des mouvements ont été oubliés, à distorsions où des mouvements ont été mal ressouvenus ou ré-imaginés. Dans ma réflexion sur mes 15 ans de création de performances de danse, je pense aux deux personages du poème Dusting de Julia Alvarez. Il y a la fille qui trace tous les matins son nom dans la poussière, et la mère qui enlève la poussière. Ne suis-je pas ces deux personages en même temps ? Dans cet art éphémère nommé danse, ne suis-je pas celui qui écrit à chaque fois à nouveau son nom dans la poussière, et celui qui à chaque fois à nouveau enlève la poussière ? C’est ainsi que je conçois la création de ce solo. Je collecte les restes poussiéreux de mes chorégraphies passées et les reconstitue en de nouvels ensembles où quelque chose s’ajoute à ce qui n’a pas encore été dit auparavant.

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Daniel Linehan (1982) a étudié la danse à Seattle, puis s’est installé en 2004 à NY où il a travaillé professionnellement comme danseur et chorégraphe. En 2008, Linehan s’installe à Bruxelles, où il complète son cycle de recherche à P.A.R .T.S et établira sa compagnie de danse Hiatus. Le travail chorégraphique de Daniel Linehan se propose d’effacer subtilement la frontière entre la danse et toute autre type d’activité. Il aborde la création d’une performance du point de vue d’un amateur curieux, teste plusieurs types d’interactions entre formes de danse et non-danse, va à la recherche de conjonctions, de juxtapositions inattendues et de parrallèles entre textes, mouvements, images, chansons, vidéos et rythmes. Ses œuvres récentes créées en Belgique incluent Un Sacre du Printemps (2015), dbddbb (2015), Flood (2017) et Third Space (2018). Depuis 2015, Hiatus est soutenu par les autorités flamandes. Daniel Linehan est Creative Associate au Singel International Art Campus 2017-2021.






Daniel Dariel


Concert : "ma chambre est au troisième"

(La parole est en surface, et le geste comme en profondeur) - tout ceci est joué et se joue "très vite". Il y a comme (comme encore) lieu d'exercer un double jeu; celui de la description d'un paysage, causé par les figures ou personnages que l'on y ferait cohabiter (un jeu d'acteurs) - et celui d'une forme musicale qui en accompagne les monologues interposés, et en lie les sautes de syntaxes (avec toute l'affection du monde). Ces personnages, ou figures, sont au demeurant non-identifiés. Les attributs (de gestes, de paroles) qui viendront les envelopper nous donneront certainement une idée de leur volume, dans le semblant de présence que l'on pourra leur accorder parmi nous (des corpus d'images). Il y a une séparation inconciliable entre ces "jeux"; ils se miment l'un l'autre, le corps et la narration, et en voulant se rendre présent ensemble ne parviennent souvent qu'à se défaire. Et non, c'est tant mieux (jusqu'ici, tout va bien).

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Daniel Dariel est artiste et musicien inclassable. Il a obtenu récemment son degré de Master à l’erg.

suivi d’un drink, plagiat d’un cocktail réputé (sld Tom Valckenaere)


mercredi 14 novembre 2018 Audi erg rue du Page 87, Ixelles 7-10 PM

Physical Poetics # 2 est un programme proposé par Alexander Schellow et Elke de Rijcke, soutenu par l’erg.




Stéphane Bouquet


As the other one says....

What is a trace in literature? What inscribes a trace and how and why? This reading will propose to reflect on the status of quotation. Today, a sacrosanct terror has developed - very individualistic, and very ‘little small property owner’ - the one of plagiarism. It seems wrong to copy the other. People lose their jobs because of the plagiarism. I find it terrible and terrifying. As if copying sentences from another person, wasn't a particular way of thinking, inventing, rewriting. I practice little plagiarism in my texts (well, I think) but quote a lot, which is another form of plagiarism, especially if the quotations are apocryphal (we attribute to someone a sentence that he or she has never said) or if - as I sometimes and voluntarily do - we forget to put quotation marks. Walter Benjamin dreamed of forgetting them forever, he dreamed of removing the quotation marks.

In any case, if we were really consistent, it would after all be possible to put quotation marks around all the words because finally all the words - with the exception of neologisms - have already been said. In short, why quote, why want to quote? Why do you want to accumulate traces of others in your voice, in your body?

This lecture-conference (mixed as its name suggests, reading and conference) will offer some possible answers.

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Stéphane Bouquet has published several books of poetry at Champ Vallon (The last ones : Les Amours suivants and Vie commune, Champ Vallon, 2013 and 2016). He proposed translations of various American poets including Paul Blackburn, James Schuyler and Peter Gizzi. His latest book was published in April 2018: La Cité de Paroles, meditations on poetry, published within the collection en lisant, en écrivant by José Corti. He is also collaborator in scriptwriting, after having been a critic for a long time at Cahiers du cinéma. He has published studies on Clint Eastwood, Gus Van Sant, Eisenstein and Pasolini. He has participated - as dancer or dramaturge - in the choreographic creations of Mathilde Monnier, Déroutes (2002) and frère&sœur (2005). Within the field of theatre, he regularly collaborates with Robert Cantarella.



Daniel Linehan


Reflecting on a Body of Work

In this performance, I will share a work-in-progress version of Body of Work, a solo I am currently developing in which I re-visit dance material from performances that I have made during the past 15 years. My method is to avoid looking at videos and documentation of my work and to allow the traces that still remain in my body to speak back to me. How do these traces from my past dances exist in my body today? I am working to create a choreography of the passage of time, which recognizes that the past is always very much inscribed in the present. The idea is not to re-play the past performances exactly as they were, but to allow my dancing material to change, just as my body has changed, and to allow new combinations of gestures and text to spark new associations. The solo takes on the form of a memory, with soft edges, and gaps where movements have been forgotten, and distortions where movements have been mis-remembered or re-imagined. In my reflection on my 15 years of creating dance performances, I think of the two characters in Julia Alvarez’s poem “Dusting.” There is the daughter who signs her name in the dust each morning and the mother who wipes the dust away. Am I not both of these characters? In this fleeting art form called dance, am I not the one who again and again signs his name in the dust, as well as the one who, again and again, wipes the dust away? This is how I conceive of the creation of this solo. I collect the dusty remains of my past choreographies and I re-constitute them into new entities with something further to say, something which remained unsaid before.

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Daniel Linehan (1982) first studied dance in Seattle and then moved to New York in 2004, where he worked professionally as a dancer and choreographer. In 2008, Linehan moved to Brussels where he completed the Research Cycle at P.A.R.T.S. and where he later established his dance company, Hiatus. Linehan’s choreographic work is intent on softly obscuring the line that separates dance from everything else. He approaches performance-making from the point of view of a curious amateur, testing various interactions between dance and non-dance forms, searching for unlikely conjunctions, juxtapositions, and parallels between texts, movements, images, songs, videos, and rhythms. His recent works created in Belgium include Un Sacre du Printemps (2015), dbddbb (2015), Flood (2017), and Third Space (2018). Since 2015 Hiatus has been supported by the Flemish authorities. Daniel Linehan is a Creative Associate at deSingel International Arts Campus 2017-2021.



Daniel Dariel


Concert : "my room is on the third"

(The word is on the surface, and the gesture as in depth) - all this is played and plays itself "very quickly". There is (still is) a need to play a double game : that of describing a landscape, caused by the figures or characters that one would make there cohabit (a set of actors) - and that of a musical form that accompanies its interposed monologues, and links the syntax jumps (with all the affection of the world). These characters, or figures, are unidentified. The attributes (of gestures, words) that will surround them will certainly give us an idea of their volume, in the semblance of a presence that we can give them among us (corpuses of images). There is an irreconcilable separation between these "games"; they mimic each other, the body and the narrative, and by wanting to make themselves present together often only manage to desintegrate. And no, that's good (so far, so good).

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Daniel Dariel is an unclassifiable artist and a musician. He obtained recently his Master degree at the erg.

followed by a drink, plagiarism of a famous cocktail (odo Tom Valckenaere)


wednesday november 14th 2018 Audi erg rue du Page 87, Ixelles 7-10 PM

Physical Poetics # 2 is a program proposed by Alexander Schellow and Elke de Rijcke, supported by the erg. }}