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Sciences humaines et sociales / Pratiques de la pensée (B3) : Différence entre versions

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Enseignante : [[Selma Bellal]]
 
Enseignante : [[Selma Bellal]]
  
'''Réflexions autour des concepts de violence légitime et de désobéissance civile'''
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Les sciences humaines et sociales sont des instruments d’objectivation du réel, qui sont confrontées à la difficulté, comme de nombreux auteurs l’ont mis en évidence (P. Bourdieu, S. Harding, …), que le réel est lui-même une construction sociale, façonné par une certaine vision majoritaire. Des pans de la réalité, marginalisés, échappent ainsi à cette vision majoritaire qui n’est ni neutre, ni apolitique mais le produit de rapports conflictuels.
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Il n’est donc pas étonnant que les sciences humaines et sociales s’intéressent largement à ces rapports conflictuels.
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De nombreuses luttes pour de nouveaux droits ont d’ailleurs, historiquement, émergées d’une remise en question des écarts entre les principes et la réalité (ex. rapports de domination qui ont pu se développer sous couvert de certains principes juridiques; etc.). Ces écarts ont conduit à souhaiter un progrès possible. Et ces luttes ont participé à une certaine extension de la Démocratie, rendant les notions de contre-pouvoir et de contestation indissociables de celle-ci.
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Partant de là, ce cours s’intéresse au fait que, bien que la contestation participe de la dynamique démocratique, la contestation devient problématique dès lors qu’elle recourt à la violence et/ou, qu’elle attise l’ambiguïté entre légalité et légitimité ; ambiguïté qui charrie avec elle une lutte de sens autour des notions de proportionnalité, d’acceptabilité de la défense de soi et de possibles ouverts à la création collective et individuelle.
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C’est cet espace de réflexion qui est au cœur du cours, en envisageant les représentations de la violence dans leurs liens avec celles du politique en Démocratie.
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Le cheminement proposé commence par envisager différentes interprétations de ce que serait la violence (son origine supposée selon différents auteurs, ses définitions, quelques explorations conceptuelles, …). Ensuite, nous parcourons différents mouvements artistiques ayant vu le jour pour des raisons esthétiques, conceptuelles, théoriques et/ou politiques, avec comme commun dénominateur un contexte historique, sociopolitique et culturel aiguisant la contestation artistique et la volonté d’action collective. Nous évoquons aussi, de manière non exhaustive, comment la violence a pu être représentée, de manière variée et avec des finalités diverses, sur le plan artistique (performances, sculptures, peintures, street art, photos, littérature, jeux vidéo, …). Et puis nous abordons, en recourant à différents auteurs, la question de la légitimité qui est centrale pour examiner ce qui serait « acceptable » ou non en matière d’usage de la violence en Démocratie, selon les endroits et les époques.
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Ce socle de contenu théorique permet, dans une seconde partie, d’inviter les étudiant.e.s à chercher et à présenter oralement l’analyse du positionnement dans le champ politique d’une ou plusieurs contributions artistiques (mouvements, œuvres, installations, performances, …), non encore évoquées ensemble.
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====Objectifs====
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Dans ce cours, les étudiant.e.s sont amenés, à travers la prise de connaissance d’interprétations historiques, sociologiques, philosophiques, politologiques ou artistiques de la violence, à distinguer l’affrontement de représentations, donnant à voir un champ politique auquel les artistes contribuent.
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L’approche des pratiques de la pensée prend appui sur des lectures interdisciplinaires, combinant différents savoirs et objets disciplinaires en vue d’alimenter l’analyse. Ce faisant, il s’agit aussi d’encourager la capacité des étudiant.e.s à décoder la construction sociale de leurs propres représentations ; décodage propice à l’émergence d’une créativité nourrie par une pensée critique.
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====Méthode====
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Dans une première partie, le cours alterne exposé théorique, travail d’analyse de textes et échanges d’argumentaires (sous formes de débats, jeux de rôles, …).
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Les concepts discutés sont ainsi à la fois :
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-politologiques : renvoyant aux relations entre l’individu, la collectivité et le pouvoir ;
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-philosophiques: comparant des philosophies entre elles, particulièrement celles relatives aux notions de légitimité et de violence ;
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-juridiques: la réflexion autour de la désobéissance civile questionnant les règles de la Démocratie représentative ;
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-Mais aussi sociologiques (approche des faits sociaux) et historiques.
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Dans sa seconde partie, le cours permet aux étudiant.e.s de présenter oralement leurs analyses du positionnement dans le champ politique d’une ou plusieurs contributions artistiques et de discuter de celles des autres, afin de s’approprier ensemble les critères pouvant venir alimenter l’évaluation des acquis d’apprentissage visés.
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Les sciences humaines et sociales sont des instruments d’objectivation du réel, qui sont confrontées  à la difficulté, comme de nombreux auteurs l’ont mis en évidence1, que le réel est lui-même une  construction sociale, produite par une certaine vision majoritaire. Des pans de la réalité,  marginalisés, échappent ainsi à cette vision majoritaire qui n’est ni neutre, ni apolitique mais le  produit de rapports conflictuels. 
 
Il n’est donc pas étonnant que les sciences humaines et sociales s’intéressent largement à ces  rapports conflictuels.
 
De nombreuses luttes pour de nouveaux droits ont d’ailleurs, historiquement, émergées d’une  remise en question des écarts entre les principes et la réalité (ex. rapports de domination qui ont pu  se développer sous couvert de certains principes juridiques; etc.). Ces écarts ont conduit à souhaiter  un progrès possible. Et ces luttes ont participé à une certaine extension de la Démocratie, rendant les notions de contre-pouvoir et de contestation indissociables de celle-ci.
 
Dans cette optique, la contestation ne devrait pas faire l’objet de répression.  Toutefois, la contestation devient problématique dès lors qu’elle recourt à la violence et/ou, qu’elle  attise l’ambiguïté entre légalité et légitimité. 
 
Différents traitements de la contestation s’entrechoquent alors et donnent lieu à diverses  représentations : 
 
-de la violence inacceptable (définition du terrorisme ; usage de la force sur la police ; bavures  policières ; destruction de biens ; …), 
 
-de la violence légitime (monopole de l’usage de la violence par l’Etat ; légitime défense ;  vigilantisme ; …), 
 
-du caractère souhaitable pour la Démocratie de la désobéissance civile, comme forme d’action  directe.
 
Partant de là, ce cours propose, cette année, de mener une réflexion critique2 autour des concepts de violence légitime et de désobéissance civile, en analysant leur construction sociale.  Leurs représentations varient évidemment, dans l’espace et dans le temps ; comme en témoignent le  traitement à géométrie variable de certaines contestations (mouvements d’aide aux migrants ;  mouvements activistes de défense de l’environnement ; mouvements des squats et d’espaces auto gérés ; mouvements de décolonisation culturelle ; etc.), ou encore la criminalisation de certains  mouvements sociaux ailleurs (ex. mouvements arc en ciel en Pologne ou en Turquie; mouvement  ouvrier en Biélorussie ; …) alors qu’ils sont considérés comme vivifiants pour la Démocratie chez  nous.
 
Nous nous pencherons notamment sur des traitements divers de ces thématiques dans l’actualité  politique nationale ou internationale, ainsi que dans des contributions artistiques ; certains artistes 
 
1 Pensons notamment aux travaux de P. Bourdieu ou, à ceux de S. Harding et du « Standpoint feminisme ». 2 Reconnaissant précisément l’intérêt que chaque niveau de réalité soit étudié en lui-même et en relation aux autres, ce  cours s’inscrit dans une optique interdisciplinaire à la croisée des territoires des sciences sociales, politiques et  philosophiques.
 
  
  

Version actuelle datée du 9 juin 2023 à 14:58


Enseignante : Selma Bellal

Les sciences humaines et sociales sont des instruments d’objectivation du réel, qui sont confrontées à la difficulté, comme de nombreux auteurs l’ont mis en évidence (P. Bourdieu, S. Harding, …), que le réel est lui-même une construction sociale, façonné par une certaine vision majoritaire. Des pans de la réalité, marginalisés, échappent ainsi à cette vision majoritaire qui n’est ni neutre, ni apolitique mais le produit de rapports conflictuels.

Il n’est donc pas étonnant que les sciences humaines et sociales s’intéressent largement à ces rapports conflictuels.

De nombreuses luttes pour de nouveaux droits ont d’ailleurs, historiquement, émergées d’une remise en question des écarts entre les principes et la réalité (ex. rapports de domination qui ont pu se développer sous couvert de certains principes juridiques; etc.). Ces écarts ont conduit à souhaiter un progrès possible. Et ces luttes ont participé à une certaine extension de la Démocratie, rendant les notions de contre-pouvoir et de contestation indissociables de celle-ci.

Partant de là, ce cours s’intéresse au fait que, bien que la contestation participe de la dynamique démocratique, la contestation devient problématique dès lors qu’elle recourt à la violence et/ou, qu’elle attise l’ambiguïté entre légalité et légitimité ; ambiguïté qui charrie avec elle une lutte de sens autour des notions de proportionnalité, d’acceptabilité de la défense de soi et de possibles ouverts à la création collective et individuelle.

C’est cet espace de réflexion qui est au cœur du cours, en envisageant les représentations de la violence dans leurs liens avec celles du politique en Démocratie.

Le cheminement proposé commence par envisager différentes interprétations de ce que serait la violence (son origine supposée selon différents auteurs, ses définitions, quelques explorations conceptuelles, …). Ensuite, nous parcourons différents mouvements artistiques ayant vu le jour pour des raisons esthétiques, conceptuelles, théoriques et/ou politiques, avec comme commun dénominateur un contexte historique, sociopolitique et culturel aiguisant la contestation artistique et la volonté d’action collective. Nous évoquons aussi, de manière non exhaustive, comment la violence a pu être représentée, de manière variée et avec des finalités diverses, sur le plan artistique (performances, sculptures, peintures, street art, photos, littérature, jeux vidéo, …). Et puis nous abordons, en recourant à différents auteurs, la question de la légitimité qui est centrale pour examiner ce qui serait « acceptable » ou non en matière d’usage de la violence en Démocratie, selon les endroits et les époques.

Ce socle de contenu théorique permet, dans une seconde partie, d’inviter les étudiant.e.s à chercher et à présenter oralement l’analyse du positionnement dans le champ politique d’une ou plusieurs contributions artistiques (mouvements, œuvres, installations, performances, …), non encore évoquées ensemble.


Objectifs

Dans ce cours, les étudiant.e.s sont amenés, à travers la prise de connaissance d’interprétations historiques, sociologiques, philosophiques, politologiques ou artistiques de la violence, à distinguer l’affrontement de représentations, donnant à voir un champ politique auquel les artistes contribuent. L’approche des pratiques de la pensée prend appui sur des lectures interdisciplinaires, combinant différents savoirs et objets disciplinaires en vue d’alimenter l’analyse. Ce faisant, il s’agit aussi d’encourager la capacité des étudiant.e.s à décoder la construction sociale de leurs propres représentations ; décodage propice à l’émergence d’une créativité nourrie par une pensée critique.

Méthode

Dans une première partie, le cours alterne exposé théorique, travail d’analyse de textes et échanges d’argumentaires (sous formes de débats, jeux de rôles, …).

Les concepts discutés sont ainsi à la fois :

-politologiques : renvoyant aux relations entre l’individu, la collectivité et le pouvoir ;

-philosophiques: comparant des philosophies entre elles, particulièrement celles relatives aux notions de légitimité et de violence ;

-juridiques: la réflexion autour de la désobéissance civile questionnant les règles de la Démocratie représentative ;

-Mais aussi sociologiques (approche des faits sociaux) et historiques.

Dans sa seconde partie, le cours permet aux étudiant.e.s de présenter oralement leurs analyses du positionnement dans le champ politique d’une ou plusieurs contributions artistiques et de discuter de celles des autres, afin de s’approprier ensemble les critères pouvant venir alimenter l’évaluation des acquis d’apprentissage visés.