Fabrice Sabatier
De erg
Révision datée du 30 août 2021 à 12:06 par Sammy (discussion | contributions)
Site principal de la recherche : www.fabricesabatier.com (accessible à partir du 15 novembre 2021)
Sites associés : www.desorcelerlafinance.org ; http://www.corp-lab.com/researchsabatier/
Titre de la thèse (ERG/ULB) : Saisir l’économie par le(s) sens. Une approche critique et sorcière de la visualisation de données économiques par le design. Résumé :
La recherche interroge, par la création de projets de design et par une thèse écrite, le rôle et le pouvoir de la visualisation de données dans l’approche des problématiques économiques. Dans cette étude critique et théorique, je me demande d’abord en quoi les visualisations de données qui construisent des accès aux informations et aux questionnements économiques façonnent des représentations et des comportements singuliers. Je fais l’hypothèse que les « technologies intellectuelles » (Goody) qui rendent visibles ces données – les diagrammes, les réseaux, les cartes – ont construit depuis le début du XIXe siècle, une vision particulièrement étroite, désincarnée et dépolitisante de l’économie. Cependant, le design dispose de moyens favorisant, dans certaines conditions, la réappropriation des sujets économiques par les non-expert·e·s. Il s’agit alors de comprendre, en étudiant l’évolution de ses méthodes, la nature du régime contemporain de visualisation des phénomènes économiques, que je qualifie de néolibéral, et d’explorer ensuite les espaces d’intervention du design où des alternatives peuvent se déployer.
Dans un second temps, au-delà de décrire, de comprendre ou de faire comprendre des phénomènes économiques, il m’a semblé que le rôle du design dans la visualisation de données était d’opérer des actes de « saisie » : saisir les données et les phénomènes, sur le plan cognitif, pour les comprendre ; mais aussi saisir les phénomènes économiques, dans leur sens, leur signification et leur raison d’être, le sens de l’économie et les objectifs qu’elle poursuit ; enfin, saisir par les sens, sur le plan sensoriel et sensible, en nous rappelant qu’au-delà de l’œil et de la vue, c’est le corps tout entier qui peut opérer la saisie. Ne parvenant pas à saisir l’économie, en me concentrant sur la performance cognitive ou communicationnelle des visualisations de données, l’hypothèse d’une « emprise sorcière » (Stengers et Pignarre), s’est alors imposée comme un terrain d’expérimentation fécond et comme une clé de lecture précieuse pour positionner, dans mon travail, l’imagination, les corps, les sens, les représentations mentales en tant qu’éléments essentiels pour penser l’économie. La magie qui habite nos rapports à l’économie m’oriente d’abord vers le pouvoir de rendre visible l’invisible, que détiennent les visualisations de données, et m’amène à questionner leur puissance liée à leur nature d’image. J’esquisse ensuite, avec la magie des liens (Bruno), une théorie de la visualisation comme pouvoir de relier et introduit la méthode des microcosmogrammes. Enfin, avec la sorcellerie, c’est la capacité à rendre tangible l’impalpable qui est examinée et confrontée au concept de désorcèlement (Favret-Saada), d’où j’extrais des principes méthodologiques et un questionnement sur la figure de la ou du designer-désorceleur.
Légende des images :
- ViceOrganique.jpg : Fabrice Sabatier, Vi(c)e organique, 2017. Vue de l'exposition .CORP, Dé-dissimulation, au Bel Ordinaire de Pau (décembre 2018 - février 2019). Parcours dans les réseaux d'influence européens pour la définition des objectifs environnementaux à l'horizon 2030. © iso-document.s
- TopoCrise.jpg : Fabrice Sabatier, Topographie d’une crise – Carte du territoire économique européen – Évolution du relief en quatre latitudes, 2015 (Données : ECB Statistical Data Warehouse / Élaborées par Stefano Battiston et Marco D'Errico).
- Potions.jpg : Laboratoire sauvage de recherches expérimentales Désorceler la finance, Atelier Potions en marge des Rituels de désenvoûtement de la finance au Festival international de théâtre de rue d’Aurillac, 21-24 août 2019. © Vincent Muteau.