Actions

Philosophie contemporaine / Pratiques philosophiques (B3) : Différence entre versions

De erg

 
Ligne 3 : Ligne 3 :
 
Enseignante : [[Fleur Courtois]]
 
Enseignante : [[Fleur Courtois]]
  
'''Penser en contact. Pour une philosophie située '''
+
'''Récits philosophiques alternatifs'''
  
Ce cours propose d’interroger les démarches philosophiques contemporaines qui décident de penser en prise avec un contexte particulier et réfléchissent la position à partir desquelles elles énoncent leur théorie. En prenant comme appui théorique le concept féministe de « connaissance située » forgé par Donna Haraway, ce cours a pour objectif d’explorer les philosophies en contact avec les enjeux, les urgences et les questionnements de son époque, mais aussi les philosophies qui se risquent à penser avec ce contexte, c’est-à-dire à penser au contact d’une matière étrangère et a priori non-conceptuelle. Si ce parti pris d’une pensée contextualisée parait contre-intuitif par rapport aux enjeux d’une démarche philosophique classique, nous verrons comment cette pensée à même la matière peut enrichir le questionnement philosophique et le faire déborder de ses cadres habituels. Ainsi, les différentes perspectives abordées visent à conférer aux étudiants des outils pour, d’une part, décoder les problématiques qui traversent le monde contemporain et, d’autre part, interroger l’acte même de philosopher.  
+
Dans le livre de Marisol de la Cadena, The Earth Beings (Les êtres de la Terre), on peut sentir combien le concept occidental d’« Histoire » a été une arme de destruction en excluant et/ou en exterminant tout ce qui ne pouvait pas entrer en elle. Le récit d’une montagne qui aide une communauté autochtone de Cuzco à vaincre un propriétaire terrien blanc n’est pas un fait objectif que l’histoire peut comptabiliser comme « moment historique ». Ce n’est qu’un récit, non de l’histoire. Ce simple jugement enracine l’exclusion et la disqualification dans une logique où l’on ôte toute puissance d’altération à l’autre : « Que l’autre se transforme, se convertisse au logocentrisme et à l’exceptionnalisme humain blanc, ou que son existence soit amoindrie, voire niée ! » En ce sens, la discipline historique occidentalocentriste est un récit armé (colonisateur et conquérant) contre lequel, notamment, les Subaltern Studies et les Postcolonial Studies n’ont de cesse de lutter.  
  
Différents formats d’échanges seront pratiqués durant les séances ce cours : chaque séance est construite à partir d’un texte déterminé qui sera analysé collectivement et suivi par un temps de discussions et de débats. Le cours se veut lui-même construit comme un espace de contact, où les étudiant·e·s. seront amené·e·s à se confronter aux auteurs, aux concepts ainsi qu’à leurs différents points de vue.
+
Mais si on hérite du versant meurtrier de ces rationalisations occidentales, on hérite aussi de récits alternatifs logés au sein même de ce qu’on appelle notre Histoire blanche. Cela, c’est Deborah Bird Rose qui nous l’apprend, notamment dans son livre Le Rêve du chien sauvage. Amour et extinction. Tout en soulignant les écocides et génocides qui ont découlé de l’hyper-séparatisme platonicien entre nature et culture à la base de la logique occidentalocentriste, Rose revient aussi sur ce qui raconte, ou pourrait raconter, des interconnexions fécondes, là où la rupture semble pourtant d’ores et déjà irrémédiable. La blanchitude impérialiste qui innerve la culture occidentale ne doit pas faire oublier le spectre coloré qui l’habite aussi.
 +
 
 +
C’est à partir de ces apprentissages dans nos lourds héritages que ce cours se propose de déambuler dans une série de petits récits alternatifs qui tapissent l’héritage de la philosophie occidentale. Pour ce faire, il s’agira d’entre-tisser des récits qui débordent du cadre historique et philosophique habituel. Comment se situer dans ce perpétuel brassage philosophique et cohabiter tant avec nos démons voraces qu’avec nos anges qui battent de l’aile ?
  
Ce cours centré autour d’une « philosophie située » se veut résolument transdisciplinaire et ouvert aux concepts tirés d’autres disciplines. Il cherchera à questionner les modes de constructions de différentes pensées philosophiques ainsi qu’à théoriser les nouages et les risques épistémologiques qui se jouent dans ces philosophies du contact. Dans ce cadre, le cours vise à entraîner les étudiant·e·s à questionner la position à partir de laquelle ils·elles créent et ils·elles se rapportent au monde.
 
 
   
 
   
 
[[catégorie:Cours théoriques]]
 
[[catégorie:Cours théoriques]]
  
 
[[catégorie:B2]]
 
[[catégorie:B2]]

Version actuelle datée du 29 septembre 2025 à 13:08

Enseignante : Fleur Courtois

Récits philosophiques alternatifs

Dans le livre de Marisol de la Cadena, The Earth Beings (Les êtres de la Terre), on peut sentir combien le concept occidental d’« Histoire » a été une arme de destruction en excluant et/ou en exterminant tout ce qui ne pouvait pas entrer en elle. Le récit d’une montagne qui aide une communauté autochtone de Cuzco à vaincre un propriétaire terrien blanc n’est pas un fait objectif que l’histoire peut comptabiliser comme « moment historique ». Ce n’est qu’un récit, non de l’histoire. Ce simple jugement enracine l’exclusion et la disqualification dans une logique où l’on ôte toute puissance d’altération à l’autre : « Que l’autre se transforme, se convertisse au logocentrisme et à l’exceptionnalisme humain blanc, ou que son existence soit amoindrie, voire niée ! » En ce sens, la discipline historique occidentalocentriste est un récit armé (colonisateur et conquérant) contre lequel, notamment, les Subaltern Studies et les Postcolonial Studies n’ont de cesse de lutter.

Mais si on hérite du versant meurtrier de ces rationalisations occidentales, on hérite aussi de récits alternatifs logés au sein même de ce qu’on appelle notre Histoire blanche. Cela, c’est Deborah Bird Rose qui nous l’apprend, notamment dans son livre Le Rêve du chien sauvage. Amour et extinction. Tout en soulignant les écocides et génocides qui ont découlé de l’hyper-séparatisme platonicien entre nature et culture à la base de la logique occidentalocentriste, Rose revient aussi sur ce qui raconte, ou pourrait raconter, des interconnexions fécondes, là où la rupture semble pourtant d’ores et déjà irrémédiable. La blanchitude impérialiste qui innerve la culture occidentale ne doit pas faire oublier le spectre coloré qui l’habite aussi.

C’est à partir de ces apprentissages dans nos lourds héritages que ce cours se propose de déambuler dans une série de petits récits alternatifs qui tapissent l’héritage de la philosophie occidentale. Pour ce faire, il s’agira d’entre-tisser des récits qui débordent du cadre historique et philosophique habituel. Comment se situer dans ce perpétuel brassage philosophique et cohabiter tant avec nos démons voraces qu’avec nos anges qui battent de l’aile ?