L’ART COMME EXPERIENCE : ENJEUX ET DEFIS DE L’APPRENTISSAGE EXPERENTIEL (UN REGARD HISTORIQUE ET CRITIQUE)
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Publiée | 2014/10/16 |
Mercredi 22 octobre à 18h15 à l'auditoire IV (58 rue d'Irlande à 1060-Bruxelles)
L'ART COMME EXPERIENCE : ENJEUX ET DEFIS DE L'APPRENTISSAGE EXPERENTIEL (UN REGARD HISTORIQUE ET CRITIQUE)
Par Sébastien BISET, docteur en histoire de l'art et musicien
Cet exposé mettra en perspective ce qu'il est convenu d'appeler l'"éducation nouvelle" en relation à d'autres formes de pédagogies expérimentales, en vue d'une prise en compte des solutions et des défis propres aux "méthodes actives" dans le contexte de l'enseignement artistique d'aujourd'hui.
Rappelons comment, dès la fin du XIXe siècle, l'éducation nouvelle jetait les bases des "méthodes actives" devant permettre le progrès global de la personne, à partir de l'expérience et du libre choix des activités, en accordant une importance égale à tous les domaines de l'éducation. Historiquement expérimentée en certains lieux, elle fut dès le premier quart du XXe siècle d'une influence considérable sur les systèmes éducatifs aux États-Unis comme en Europe. On retient principalement son influence sur l'instauration du Black Mountain College, singulière institution d'enseignement artistique favorisant l'expérimentation créative, fondant la conception de l'apprentissage et de l'éducation sur la démocratie participative comme mode de vie, forme d'expérience sociale et communautaire – et la réhabilitation de la catégorie de l'expérience. À l'origine de cette pensée se déploie l'oeuvre pédagogique de John Dewey, philosophe pragmatiste dont la théorie esthétique allait se cristalliser en une oeuvre de pensée influente : Art as Experience (1934). Dans cet ouvrage, Dewey présente l'expérience esthétique comme l'expérience du monde la plus aboutie ; elle prolongerait en l'amplifiant et en la réalisant pleinement l'expérience « commune » du quotidien (la pratique de l'art serait l'expérience de l'expérience). L'art selon Dewey ne doit donc pas se concevoir comme une entité ou une pratique séparée de la vie, et de notre expérience quotidienne, mais comme un point ultime où se réaliserait par excellence cette expérience. Le succès - toutefois relatif - de cette pensée et le courant pédagogique auquel il contribua seront examinés en relation à d'autres formes de pédagogies expérimentales, dont les techniques Freinet ou encore la pédagogie Steiner qui fut par sa perspective anthroposophique l'un des fondements de la sculpture sociale telle que l'a théorisée Joseph Beuys, au travers de sa grande oeuvre - utopique et engagée - de pédagogie.
Par-delà les enjeux et perspectives de ces projets d'éducation seront pris en compte ce qui constitua leurs limites et causa, dans une certaine mesure, leur faillite. Celles-ci méritent d'être examinées à l'heure du débat sur le devenir des écoles d'art (dont certaines se réclament de tels modèles expérimentaux) et sur les types d'enseignement (au sens le plus général) devant prévaloir aujourd'hui dans des situations données (variété de méthodes et de savoirs à transmettre, diversité des publics, etc.). Alors que partout se multiplient les dispositifs de médiation pédagogique (qu'est-ce que la médiation ? en quoi se différencient le pédagogue et le médiateur ?) et tandis que se développe chez nous l'éducation dite "permanente", ce regard historique et critique sur une certaine pensée de la "transmission" et de l'"expérimentation" sera l'occasion d'un débat pouvant animer la réflexion des étudiants de l'agrégation ou de toute personne sensible aux questions de l'éducation dans notre société.