Actions

Fading : Une Installation-Performance

De erg

Révision datée du 18 juillet 2019 à 12:27 par Ergbot (discussion | contributions) (Page créée avec « {{Actualités |Subtitle=INSTALLATION FAFCHAMPS-LORAND |Start=2018/11/13 |End=2018/12/01 |Published=2018/10/16 |URL=https://www.arsmusica.be/fr/events/fading-installation-f... »)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Actualités
Publiée 2018/10/16
INSTALLATION FAFCHAMPS-LORAND
FADING-print-1200x800.jpg

Dans son travail de plasticien, Michel Lorand poursuit ses recherches sur les possibles apparitions dues à la contingence. Effacer, aller au bout de la disparition — des choses et de l’auteur — pour faire apparaître un objet nouveau, imprévisible, dénué de toute psychologie : « RIEN – N’AURA EU LIEU – QUE LE LIEU – EXCEPTÉ – PEUT-ÊTRE – UNE CONSTELLATION » nous dit Mallarmé.

Dans ce nouveau projet, Lorand choisit de travailler à partir de Neither, opéra en un acte pour soprano de Morton Feldman créé en 1976-77. « Le « livret » de Samuel Beckett est un monologue de seize lignes qui s’aventure aux confins obscurs de la narration : « de long en large dans l’ombre depuis l’ombre intérieure jusqu’à l’ombre extérieure / depuis le soi impénétrable jusqu’au non-soi impénétrable en passant par ni l’un ni l’autre ». […] Neither semble opérer un processus de dilution du temps qui fait écho à ce « temps aboli » cher à l’écrivain. […] La musique de Feldman, qui se cantonne aux registres aigus, à la frontière du silence, est un tissage de cellules répétitives, nappes orchestrales d’une lenteur extrême sur lesquelles vient de temps à autre glisser la soprano, comme pour unifier les fils d’une dramaturgie invisible et impossible. »(1)

Lorand s’empare des 122 pages de la partition de cet opéra pour les reproduire puis systématiquement les effacer, une à une, minutieusement. Cette opération de “palimpseste” se concentre toujours sur la même feuille de papier. L’outil choisi est une copieuse Toshiba E-studio306LP qui permet de réaliser des copies avec une encre bleue effaçable ; une seconde machine rend l’encre transparente, suite à un traitement à haute température. Les 122 opérations de copie-effacement sur un unique print A4 ne sont toutefois pas sans générer au fil du travail, des scories, des traces qui témoignent de manière « fantomatique » de l’intégralité de la partition. Plus le processus avance, plus une sorte d’entrecroisement de lignes se précise pour donner finalement une authentique trame graphique, véritable carton de tapisserie.

Morton Feldman, grand amateur de tapis orientaux et de kilims, disait de son opéra: « La partition se présente sous la forme d’un recueil de 122 pages qui prend l’aspect d’une sorte de grille, aussi fixe que la structure d’un métier à tisser. » Michel Lorand aboutit alors son processus de travail en faisant tisser une tapisserie (180cm x 280cm) sur base de son « print A4 », et en demandant au compositeur Jean-Luc Fafchamps de composer une pièce musicale pour piano disklavier. Par certains aspects, cette pièce mime le processus utilisé pour le dessin du tapis, mais avec ses moyens techniques propres. Une partition, jouée dans un premier temps « live » par Jean-Luc Fafchamps, est enregistrée (en midi), mais presque complètement effacée: seules les pointes de volume sont conservées. Ces bribes minimales se bouclent alors en une longue série de reprises générées sur piano midi par un ordinateur: superpositions de scories musicales glissant et se décalant subtilement les unes sur les autres, de manière à produire un « pavage » temporel et harmonique de plus en plus saturé. A l’apogée de ce développement de brouillage, le compositeur-pianiste revient au finissage de l’exposition, exécuté sur le même piano, une nouvelle partition destinée à détourner ce processus et à y mettre fin. L’ensemble de ce déploiement est encadré par deux œuvres pour piano de Morton Feldman.

FADING de Lorand et Fafchamps est une installation-performance qui par le procédé de la disparition, véritable force de l’oubli, fait surgir de manière paradoxale une création inattendue.

Cette création est complétée in-situ, par une intervention des étudiants de l’Erg école supérieure des arts.

(1)Festival d’automne à Paris, dossier de presse : Neither – Feldman/Beckett ; Paris, 2007


COPRODUCTION

Fédération Wallonie Bruxelles, ERG - Ecole Supérieure des Arts & Ars Musica, Commune d'Ixelles, Toshiba & Maen