Cycle Sergei Loznitsa à la Cinematek : 10.03.-31.03.2015
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Publiée | 2015/03/03 |
Cycle Sergei Loznitsa à la CINEMATEK
10.03.-31.03.2015
En collaboration avec Bozar Cinema, erg, EUNIC Brussels, KASK, Courtisane, Le p'tit Ciné & Cinema Zuid.
Sergei Loznitsa n’a tourné que deux longs métrages : Mon bonheur et Dans la brume, deux fictions qui ont concouru pour la Palme d’or et lui ont permis d’être considéré comme l’un des cinéastes les plus intrigants de cette décennie. Bien que Cannes ait certainement servi de tremplin au réalisateur, il était néanmoins déjà réputé comme l’un des documentaristes les plus influents, ce qu’il prouve une fois encore avec Maidan, prodigieux documentaire sur la contestation ukrainienne de 2013. Au mois de mars, CINEMATEK vous propose une rétrospective complète de l’œuvre du cinéaste, y compris l'avant-première de son dernier court métrage, The old Jewish cemetery.
À l'invitation de CINEMATEK, Sergei Loznitsa passera quelques jours en Belgique.
Les 10 & 11.03, il sera l'invité de CINEMATEK et de BOZAR pour des présentations publiques, un débat, une master class pour les étudiants de l'erg et la première Bruxelloise de Maidan. Les 12 & 13.03, il présentera Maidan, respectivement à Gand (Kask) et à Anvers (Cinema Zuid).
Maidan est sans conteste l'un des documentaires les plus remarqués en 2014, mais aussi l'un de ceux dont l'urgence semblait la plus tangible. Quand les contestations à l'encontre du gouvernement pro-russe, qui dirigeait alors le pays, ont commencé en 2013, à Kiev, sur la Place de l'Indépendance, Loznitsa a choisi de laisser de côté ses projets en cours pour se rendre là où le peuple, de plus en plus nombreux, avait choisi de se rassembler. Pendant plusieurs mois, il a filmé la montée des protestations, ainsi que les violentes répressions ordonnées par le gouvernement.
Même si le cinéaste a filmé les événements en plans fixes - une caractéristique présente dans la plupart de ses documentaires - Maidan se différencie nettement des autres travaux du cinéaste. Comme il le dira en ces termes : “Pour la première fois de ma vie, en tant que documentariste, j'avais l'obligation de suivre les événements comme ils se déroulaient”. En effet, jusque-là, Loznitsa s'était fait un nom grâce à ses images d'esthète, tournées la plupart du temps en noir et blanc, sans dialogues, comme dans ses courts métrages documentaires tels que La vie, l'automne, portrait d'un petit village russe en fin de vie, ou La station, contemplation de quelques âmes rêveuses, endormies dans une gare de province secouée par le vacarme des trains de passage. Puis viennent quelques longs métrages, comme La colonie, qui propose une approche distanciée et silencieuse d'un asile pour aliénés dans la campagne russe. Lumière du nord brosse le portrait d'un petit village qui semble se trouver aux limites du monde. Dans chacun de ces documentaires, les plans sont soigneusement pensés, composés, mis en forme - Loznitsa cherchant à immerger le spectateur directement dans son sujet. Le contraste est saisissant quand on se penche sur ses deux films réalisés à partir de found footage. Dans Blockade, Loznitsa reconstitue le siège de Leningrad à partir d'images trouvées dans les anciennes archives soviétiques, pour lesquelles il a néanmoins composé une nouvelle partition sonore. Dans Revue, il tente de rendre une image de la vie en Union soviétique dans les années 50 et 60 à partir d'images de journaux télévisés, films de propagande, et autres émissions télévisées de l'époque.
Mais Loznitsa s'est également fait un nom en tant que réalisateur de films de fiction. Pour son premier essai, Mon bonheur, il choisit de suivre un chauffeur de poids lourd qui s'égare et termine sa course sur les chemins poussiéreux d'une campagne perdue de Russie. C'est le début d'un cauchemar infernal, que Loznitsa révèle en d'extraordinaires compositions aux couleurs ternies, et qui se développent sur un rythme lent mais hypnotique. On retrouve les mêmes caractéristiques dans son autre film de fiction,Dans la brume, qui s'ouvre sur un long plan-séquence dans lequel trois hommes sont conduits à la potence. Leur exécution n'est pas donnée à voir mais à “entendre”. Nous sommes en 1942, dans un village de l'actuelle Biélorussie, situé dans une région alors occupée par les Allemands. Petit à petit, le spectateur découvre les faits qui ont mené à l'exécution des trois hommes. Bien que leurs films diffèrent en de nombreux points, on peut considérer que Loznitsa partage la même approche du cinéma que Carlos Reygadas ou Nuri Bilge Ceylan.
CINEMATEK
9 rue Baron Horta
1000 Bruxelles
+322 551 19 19