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Projet pédagogique : Différence entre versions

De erg

 
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{{English|Pedagogical Project}}
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L’erg, ou école de recherche graphique, fait partie du réseau libre des écoles supérieures des arts (ESA) en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Le projet pédagogique qui suit est le fruit d’une écriture collective initiée au sein du conseil de gestion pédagogique (CGP). Il a été rédigé pendant un an à partir d'une lecture attentive de différents textes produits par l’école, depuis le milieu des années 1970, moment de la création de celle-ci, à maintenant.
 
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L’erg est le lieu des pratiques et de recherches artistiques, plastiques, graphiques. Depuis sa création en 1972, l’erg se définit comme une école de recherche où l’activation des modes et des espaces de production conduit l’étudiant·e à apprendre en faisant. L'ensemble du parcours pédagogique vécu par les étudiant·es est une zone de convergence en perpétuelle mouvement ; elle suscite l’inattendu, l’échange, le collectif et les formes hybrides. Elle contribue à former des artistes-citoyen·ne·s en relation au monde, et cela bien au-delà de la période de formation.
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Ce texte se propose comme un outil pour se situer dans l'école et son projet. Il n’a pas de valeur exhaustive ou définitive, ses conditions de modifications sont à établir collectivement. Ce projet pédagogique s’adresse à nous-mêmes et à toutes personnes (étudiant·es et membres du personnel actuels et à venir) désirant entrer en relation avec notre école. Il définit les axiomes principaux sur lesquels reposent les modes opératoires actuels de l'école tant au niveau pédagogique qu'institutionnel. La pédagogie et l'institution se définissent et se façonnent mutuellement.
 
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Le projet pédagogique et artistique de l’erg s’inscrit dans une ligne de fuite où transgressions hiérarchiques et dynamiques collaboratives instaurent de nouveaux territoires artistiques et épistémologiques. Cette écologie participative qui engage la responsabilité des étudiant·es, des enseignant·es et de l’équipe administrative, fait naître dans la pratique du « faire école » l’émergence d’une politique d’émancipation et d’autonomie à la fois individuelle et collective. À l’erg, le « faire école »  se traduit dès lors comme l’agencement d’une « communauté d’apprenant·es » dont l’objectif est d’inciter et de provoquer le questionnement et la recherche. Cet engagement dans la structure, pensée et vécue de manière collective, permet notamment l’invention de pratiques pédagogiques multiples et hétérogènes.  
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L'erg rend poreuses les relations entre ses composants pédagogiques, institutionnels, techniques, administratifs et étudiant·es. Cette polyphonie est le socle de la gouvernance qui anime l'erg et qui en fait sa spécificité. Cette « ouverture en écriture » permet l'émergence de pratiques transversales et de dynamiques individuelles et collectives.
 
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Espace de résistance, et de désobéissance épistémologique aux normes et aux codes de l’histoire, l’erg est un lieu manifestement transdisciplinaire dans lequel les arts et leur enseignement s’inventent de manière indissociable afin de déconstruire les machines sémiotiques du système dominant.
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Depuis sa création, l'erg accompagne des étudiant.es au développement de pratiques artistiques et de recherches, individuelles et/ou collectives, sans restriction de disciplines. Elle développe une pédagogie en prise directe avec les évolutions de la société et les crises qui les caractérisent.
 
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===outils techniques===
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L'erg est un « milieu » propice à la coexistence de pédagogies. Les étudiant·es comme les enseignant·es y rencontrent une diversité d'approches méthodologiques et de discours, iels apprennent du croisement constant des points de vue et participent ainsi à une conversation qui agit sur les pratiques de chacun·e. De ce contexte, émergent des pratiques qui interrogent les systèmes normatifs et les interdépendances dans une dimension à la fois critique et constructive.
 
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Les espaces de production, d’action se diversifient. Les premières années sont le moment de l’expérimentation maximale de ces lieux. Expérimenter ce qu’est un atelier : un ordinateur, une table, une scène, une cuisine. Non seulement les cours sont des ateliers multidisciplinaires, mais aussi les lieux de l’école même peuvent le devenir aussi : auditoire, salles de cours spécifiques, cafétéria, lieux d’exposition. La réalisation plastique d’idées, de projets, de commandes d’autrui, d’actes de communication est un processus qui arrive, qui opère dans sa réalisation même, il faut passer par là : imaginer, faire, voir, dire. Il faudra accompagner le risque des étudiants et des étudiantes à explorer les zones situées hors des manuels de toute sorte. Afin de pouvoir se poser la question des conditions de production, il s’agit d’ouvrir et de comprendre les outils qu’ils et elles ont dans les mains : softwares, pigments, typographies, films, voix. La forme est-elle déterminée par l’Histoire, les compagnies d’informatique, par les limites techniques, par les moyens économiques, par le lieu de travail ?
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L’erg favorise des pratiques de recherche et d'expérimentation. La recherche nécessite une attention portée non pas tant au résultat qu'aux questionnements et aux méthodes, aux mouvements, processus, formes et gestes. La pratique de recherche en art est intimement liée à l'expérimentation, soit la possibilité d'apprendre par le faire et l'agir, et aussi du dysfonctionnel, de l'émergence des formes, d'opportunités inattendues.
 
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===outils critiques, théoriques===
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L'école permet aux étudiant·es d'interroger les conditions d'émergence et de production des pratiques, d’élaborer et
 
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d'employer des outils (techniques, pratiques, conceptuels, sensibles) spécifiques à leurs pratiques. L'école encourage la documentation et le repartage des outils et des usages autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de celle-ci. En adéquation avec cette philosophie, les logiciels et outils libres font partie intégrante de l'infrastructure de l'erg.
Il faut aussi se poser la question des conditions critiques de production, d’existence du projet : avec quels outils d’analyse regardons-nous ? Quelles sont les sources de ces outils ? Qui parle ? À qui ? Dans quel système économique, politique et social ? Dans quelle Histoire ? Il s’agira de soutenir tout au long du cursus une résistance, une désobéissance épistémologique aux normes et codes de l’histoire. Une pratique artistique articulée sur la possibilité d’une pensée critique situe ses références, ses objets dans un contexte géopolitique. Aucune pratique n’est indépendante de ses lieux, de sa forme donc de sa technique, de son époque, de ses liens avec d’autres artistes, arts et situations.
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L'erg favorise une écologie des pratiques. Penser celle-ci, c'est situer sa pratique, la rendre sensible et consciente des relations, des contextes et des rapports de pouvoir, de son impact écologique, politique et social. C'est travailler avec ce qu'il y a avant, après, autour, et concevoir les pratiques indissociablement de leurs conditions d'émergence et de viabilité.
===pratiques collectives===
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L'erg porte une attention particulière à l'accueil, au respect et à l'écoute. Elle travaille à rendre viable et solide un réseau de compétences et responsabilités qui se relayent et qui se soutiennent. L’enseignement à l’erg ne consiste pas uniquement dans la formation intellectuelle et pratique des étudiant·es. L'erg est un milieu d'où peuvent émerger
Une attention particulière est portée à ces productions qui peuvent exister selon différents formats parallèlement : performance, vidéo, conférence, publication, graphisme. Ces formes se pratiquent collectivement, en apprenant et en interrogeant l’autre. Les conditions de travail posent la question du travail en groupe. Un groupe nécessaire à l’expérimentation. Et donc, poser ce travail en collectif au centre aussi de l’équipe enseignante et administrative. Et ainsi s’interroger sur comment se développe le travail de l’école, comment travaillent les artistes, les auteur·rice·s, les scientifiques. Leur demander d’observer les types de relations qui s’établissent, les protocoles qui se posent et quelle hospitalité est proposée.
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des formes et des espaces de résistance ou d’alliance. Les pédagogies de l’erg favorisent l’agentivité des étudiant·es, leur donnant les moyens de développer des relations avec l’ensemble des composants de l’école. Elle se constitue à partir d’une trame de cours diversifiés organisés en orientations, ateliers pluridisciplinaires, pratiques théoriques,
 
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cours techniques et cours transversaux.
Ces priorités éducatives sont travaillées avec l’équipe d’enseignant.e.s de l’erg conjointement à un programme d’invitations de personnalités issues des champs artistique, scientifique et des sciences humaines, dont la présence au sein de l’école prend la forme de workshops, de séminaires et d’interventions publiques.
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Chaque étudiant·e élabore un parcours en affinité avec les pratiques artistiques de son choix et ses projets personnels. La cohérence de ce parcours se développe à partir du moment où une relation entre le projet, l’étudiant·e et l’ensemble de composants de l’école s'établit.
L’erg est le lieu des pratiques artistiques, plastiques, graphiques qui entrent dans les zones à risque théoriques et formelles. Un lieu et des pédagogies à définir et redéfinir collectivement. C’est un lieu où l’on peut apprendre de ce qui ne marche pas. '''Un lieu de recherche donc'''.
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L'erg, comme toute école, est une institution régie par des hiérarchies, des textes, des décrets, des consciences diverses, animées d'un désir de fabriquer du commun et de le questionner. L'erg a une responsabilité dans l'écosystème des écoles d'art et au-delà.
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Dernière mise-à-jour le 14 novembre 2025.
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Publication en décembre 2025.

Version actuelle datée du 19 décembre 2025 à 15:20

L’erg, ou école de recherche graphique, fait partie du réseau libre des écoles supérieures des arts (ESA) en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Le projet pédagogique qui suit est le fruit d’une écriture collective initiée au sein du conseil de gestion pédagogique (CGP). Il a été rédigé pendant un an à partir d'une lecture attentive de différents textes produits par l’école, depuis le milieu des années 1970, moment de la création de celle-ci, à maintenant.

Ce texte se propose comme un outil pour se situer dans l'école et son projet. Il n’a pas de valeur exhaustive ou définitive, ses conditions de modifications sont à établir collectivement. Ce projet pédagogique s’adresse à nous-mêmes et à toutes personnes (étudiant·es et membres du personnel actuels et à venir) désirant entrer en relation avec notre école. Il définit les axiomes principaux sur lesquels reposent les modes opératoires actuels de l'école tant au niveau pédagogique qu'institutionnel. La pédagogie et l'institution se définissent et se façonnent mutuellement.

L'erg rend poreuses les relations entre ses composants pédagogiques, institutionnels, techniques, administratifs et étudiant·es. Cette polyphonie est le socle de la gouvernance qui anime l'erg et qui en fait sa spécificité. Cette « ouverture en écriture » permet l'émergence de pratiques transversales et de dynamiques individuelles et collectives.

Depuis sa création, l'erg accompagne des étudiant.es au développement de pratiques artistiques et de recherches, individuelles et/ou collectives, sans restriction de disciplines. Elle développe une pédagogie en prise directe avec les évolutions de la société et les crises qui les caractérisent.

L'erg est un « milieu » propice à la coexistence de pédagogies. Les étudiant·es comme les enseignant·es y rencontrent une diversité d'approches méthodologiques et de discours, iels apprennent du croisement constant des points de vue et participent ainsi à une conversation qui agit sur les pratiques de chacun·e. De ce contexte, émergent des pratiques qui interrogent les systèmes normatifs et les interdépendances dans une dimension à la fois critique et constructive.

L’erg favorise des pratiques de recherche et d'expérimentation. La recherche nécessite une attention portée non pas tant au résultat qu'aux questionnements et aux méthodes, aux mouvements, processus, formes et gestes. La pratique de recherche en art est intimement liée à l'expérimentation, soit la possibilité d'apprendre par le faire et l'agir, et aussi du dysfonctionnel, de l'émergence des formes, d'opportunités inattendues.

L'école permet aux étudiant·es d'interroger les conditions d'émergence et de production des pratiques, d’élaborer et d'employer des outils (techniques, pratiques, conceptuels, sensibles) spécifiques à leurs pratiques. L'école encourage la documentation et le repartage des outils et des usages autant à l'intérieur qu'à l'extérieur de celle-ci. En adéquation avec cette philosophie, les logiciels et outils libres font partie intégrante de l'infrastructure de l'erg.

L'erg favorise une écologie des pratiques. Penser celle-ci, c'est situer sa pratique, la rendre sensible et consciente des relations, des contextes et des rapports de pouvoir, de son impact écologique, politique et social. C'est travailler avec ce qu'il y a avant, après, autour, et concevoir les pratiques indissociablement de leurs conditions d'émergence et de viabilité.

L'erg porte une attention particulière à l'accueil, au respect et à l'écoute. Elle travaille à rendre viable et solide un réseau de compétences et responsabilités qui se relayent et qui se soutiennent. L’enseignement à l’erg ne consiste pas uniquement dans la formation intellectuelle et pratique des étudiant·es. L'erg est un milieu d'où peuvent émerger des formes et des espaces de résistance ou d’alliance. Les pédagogies de l’erg favorisent l’agentivité des étudiant·es, leur donnant les moyens de développer des relations avec l’ensemble des composants de l’école. Elle se constitue à partir d’une trame de cours diversifiés organisés en orientations, ateliers pluridisciplinaires, pratiques théoriques, cours techniques et cours transversaux.

Chaque étudiant·e élabore un parcours en affinité avec les pratiques artistiques de son choix et ses projets personnels. La cohérence de ce parcours se développe à partir du moment où une relation entre le projet, l’étudiant·e et l’ensemble de composants de l’école s'établit.

L'erg, comme toute école, est une institution régie par des hiérarchies, des textes, des décrets, des consciences diverses, animées d'un désir de fabriquer du commun et de le questionner. L'erg a une responsabilité dans l'écosystème des écoles d'art et au-delà.

Dernière mise-à-jour le 14 novembre 2025.
Publication en décembre 2025.