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The Living Library

De erg


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TLL - The Living Library est une plateforme d’entretiens menés sur des livres actuels et inactuels dans le cadre des cours de Littérature Contemporaine, d’Actualités Culturelles et de Philosophie esthétique à l’ESA Saint-Luc et l’Erg Bruxelles. Dans ce cadre, nous invitons des écrivains, chercheurs, artistes, éditeurs, critiques. Notre objectif est d’approfondir le chantier d’un livre et de produire des archives orales de l’édition contemporaine. Les séances de The Living Library sont réalisées grâce au soutien des ESA Saint-Luc et de l’erg Bruxelles. Les archives sont réalisées en collaboration avec Frédéric Dupont et son équipe captation.


The Living Library #1


Anna Serra, La Claire Caresse / La Clara Caricia, LansKine, 2021.

Lundi 8 novembre, Forum Audi 4, 18.30, Rue d’Irlande 58, 1060 Bruxelles.

Avec Anna Serra, invitée en novembre 2021 pour La Claire Caresse/ La Clara Caricia (LansKine, 2021), nous publions un entretien ponctué de lectures, qui aborde la question du rapport de la poésie à la sensibilité (le toucher intérieur et extérieur), celle de la puissance du corps écrivant, celle aussi de la naissance d’un livre entre solitude et partage, désir et créolisation. Nous explorons avec l’auteure les axes poétiques du livre (tension entre cognition et ignorance, entre horizontalité et verticalité ; place de l’imaginal et déploiement des tonalités poétiques). Mais aussi la question d’une édition de poésie bilingue, celle du rapport entre poésie et traduction. Pour finir, nous abordons le lieu poétique (association La Perle) qu’Anna est en train de construire.


La présentation de mon recueil de poèmes La Claire Caresse/ La Chiara Caricia est l’occasion de partager mon aventure au prieuré de Serrabona et de soulever les différentes fonctions que je prête à l’écriture. L’écriture du poème est une expérience venant parfaire l’expérience de vie, en révéler la dimension totale. Elle est aussi ce qui permet de donner une voix à ce qui ne l’a pas encore ou ne l’a plus. Outre les êtres disparus de ce lieu et alentours, il y aussi ses créatures romanes qui continuent de l’habiter sans que nous puissions véritablement les entendre. Restant au bord d’un secret murmuré tout au fond de l’entrelacement de mon altérité, j’ai utilisé le poème pour les faire parler. Toujours dans le but d’explorer les pouvoirs de la parole, j’évoquerai ce que le lieu a déclenché dans la conscience de mon travail. Si je le considère dans ses intentions de régénération de nos énergies, de rééquilibre de notre être entre terre et ciel, ce lieu de résidence m’a montré à quel point il était lui-même l’idéal du poème pour moi. La présentation sera émaillée de moments de lectures pour appuyer l’importance de la pulsation du poème (poésie pulsée) et entrer dans le détail de certains thèmes : l’éloge de l’inconfort, les créatures romanes et nos émotions, la spirale du temps, le temple intérieur et le paysage de mon enfance dans lequel s’élève le prieuré.

Bio

J’écris. Par l’écriture j’explore, me transfigure, approfondis la sensualité du corps-univers, laisse émerger les questions. Par elles, évoluer. Je suis influencée par toutes sortes de poèmes venant du monde entier, mes origines catalanes, l’époque médiévale et ses écrits mystiques, les poètes qui m’entourent mais surtout par les expériences auxquelles me mène un fort désir de libération. En 2017 j’initie deux œuvres collectives pour donner de la force sensible aux pratiques orales et sonores de la poésie : la revue OR, revue papier avec une application de réalité augmentée, et Radio O, un lecteur continu de poésies et de musique. Aujourd’hui je fais pousser une association de poésie dans une ferme du Morvan.

la-perle.org

annaserra.fr


Biblio

Recueils

La Claire Caresse, éd. Lanskine et éd. Paraules, 2021

je suis amoureuse, Les éditions Lanskine, 2020

Dehors Dehors, éd. Lanskine, 2019 . Je suis trop propre, éd. Furtives, 2018

Mont Reine, éd. Supernova, 2015.


Manifeste

Note poésie pulsée, éd. Furtives, 2019 qui apparaît aussi dans le recueil : je suis amoureuse, Les éditions Lanskine, 2020


Traduction (du catalan au français) Tanière de lunes, Maria-Mercè Marçal, éd. Supernova, 2016.

Essai

Femmes et nations dans la littérature contemporaine, éd. L’Harmattan, 2012


The Living Library #2


Stéphane Bouquet, Le Fait de vivre, Champ Vallon, 2021.

Lundi 6 décembre, Forum Audi 4, 18.30, Rue d’Irlande 58, 1060 Bruxelles.


Le fait de vivre de Stéphane Bouquet fut l’objet d’une invitation en décembre 2021, après une série d’entretiens antérieurs menés en mai-juin 2021 (Deep Conversations) que nous publions ici pour la première fois. Dans Deep Conversations. Formes, nous discutons de la composition du livre, de ses sources (en termes de jaillissements de l’existence), de la multiplicité de ses formes et tons (élégie, tragi-comédie, satire, pastiche), de l’abondance des énumérations (catalogues, listes) comme moyen de construction de la subjectivité et de la nouveauté, des vers alternés et des formes brèves, de la poésie conversationnelle comme installation de flux et puissance de métamorphose, de poésie et plagiat, de la question des titres et de la ponctuation. Dans Deep Conversations. Thématiques, nous creusons les figurations poétiques des paradis intermittents et des bucoliques contemporaines, la poésie comme acte performatif, le poème-sauvetage, le poème référentiel comme tapisserie polyphonique, le lexique poétique utilisé.


Stéphane Bouquet, Deep conversation. Formes 1-2.


Stéphane Bouquet, Deep conversation. Thématiques.



Argument

Le poète Louis Zukofsky, avec cet art états-unien pour le commerce et les slogans efficaces, dit de la poésie qu’elle est « sound, sight and sense ». Dans cet ordre, qui est peut-être pour lui un ordre hiérarchique. Sound, c’est le son bien sûr, la puissance musicale de la langue. Sight, c’est l’aspect visuel, l’organisation typographique de la page. Sense, c’est le sens . Mais le sens c’est quoi ? Surtout pas quelque chose qu’on voudrait dire ou qu’il y aurait dit à dire. Du moins est-ce l’une des idées que je voudrais défendre ici : faire sens en poésie (ni d’ailleurs en art) ne consiste pas selon moi à dire quelque chose – mais à faire quelque chose. C’était déjà la croyance de la littérature antique telle que la comprend une historienne comme Florence Dupont. Que peut-on faire ? est donc la question à se poser ? Créer du sens au sens justement non pas de discours mais de sensations ? Produire des formes des vies ? Autre chose encore ? Ce séminaire sera l’occasion d’en discuter.


Bio-biblio

Stéphane Bouquet a publié plusieurs livres de poésie ou autour de la poésie (Les derniers en date, Vie commune et Le Fait de vivre, Champ Vallon, 2016 et 2021, et La Cité de Paroles, Corti, 2018). Il est aussi l’auteur de quelques récits (dont Agnès & ses sourires, Post-éditions, 2018). Sa publication la plus récente est une brève étude critique sur Sappho (Sappho, Ed. de la Philharmonie, 2021) réinscrivant la lecture de l’œuvre dans le contexte rituel et cultuel de la Grèce archaïque. Il a proposé une traduction de divers poètes américains, dont le lyrique a pris à bras le corps la matière urbaine, dont Paul Blackburn, James Schuyler et trois livres de Peter Gizzi. Il est par ailleurs co-scénariste après avoir été longtemps critique aux Cahiers du cinéma. Il a publié des études sur Clint Eastwood, Gus Van Sant, Eisenstein et Pasolini. Il a participé – en tant que danseur ou dramaturge – aux créations chorégraphiques de Mathilde Monnier, Déroutes (2002) et frère&sœur (2005). Et collabore régulièrement au théâtre avec Robert Cantarella qui a monté sa première pièce Monstres.