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Sciences humaines et sociales / Pratiques de la pensée (B3)

De erg

1er quadrimestre :

Réflexions autour des concepts de violence légitime et de désobéissance civile

Enseignante : Selma Bellal

Les sciences humaines et sociales sont des instruments d’objectivation du réel, qui sont confrontées à la difficulté, comme de nombreux auteurs l’ont mis en évidence1, que le réel est lui-même une construction sociale, produite par une certaine vision majoritaire. Des pans de la réalité, marginalisés, échappent ainsi à cette vision majoritaire qui n’est ni neutre, ni apolitique mais le produit de rapports conflictuels. Il n’est donc pas étonnant que les sciences humaines et sociales s’intéressent largement à ces rapports conflictuels.

De nombreuses luttes pour de nouveaux droits ont d’ailleurs, historiquement, émergées d’une remise en question des écarts entre les principes et la réalité (ex. rapports de domination qui ont pu se développer sous couvert de certains principes juridiques; etc.). Ces écarts ont conduit à souhaiter un progrès possible. Et ces luttes ont participé à une certaine extension de la Démocratie, rendant les notions de contre-pouvoir et de contestation indissociables de celle-ci. Dans cette optique, la contestation ne devrait pas faire l’objet de répression. Toutefois, la contestation devient problématique dès lors qu’elle recourt à la violence et/ou, qu’elle attise l’ambiguïté entre légalité et légitimité.

Différents traitements de la contestation s’entrechoquent alors et donnent lieu à diverses représentations :

-de la violence inacceptable (définition du terrorisme ; usage de la force sur la police ; bavures policières ; destruction de biens ; …),

-de la violence légitime (monopole de l’usage de la violence par l’Etat ; légitime défense ; vigilantisme ; …),

-du caractère souhaitable pour la Démocratie de la désobéissance civile, comme forme d’action directe.

Partant de là, ce cours propose, cette année, de mener une réflexion critique2 autour des concepts de violence légitime et de désobéissance civile, en analysant leur construction sociale. Leurs représentations varient évidemment, dans l’espace et dans le temps ; comme en témoignent le traitement à géométrie variable de certaines contestations (mouvements d’aide aux migrants ; mouvements activistes de défense de l’environnement ; mouvements des squats et d’espaces auto gérés ; mouvements de décolonisation culturelle ; etc.), ou encore la criminalisation de certains mouvements sociaux ailleurs (ex. mouvements arc en ciel en Pologne ou en Turquie; mouvement ouvrier en Biélorussie ; …) alors qu’ils sont considérés comme vivifiants pour la Démocratie chez nous.

Nous nous pencherons notamment sur des traitements divers de ces thématiques dans l’actualité politique nationale ou internationale, ainsi que dans des contributions artistiques ; certains artistes

1 Pensons notamment aux travaux de P. Bourdieu ou, à ceux de S. Harding et du « Standpoint feminisme ».

2 Reconnaissant précisément l’intérêt que chaque niveau de réalité soit étudié en lui-même et en relation aux autres, ce cours s’inscrit dans une optique interdisciplinaire à la croisée des territoires des sciences sociales, politiques et philosophiques.

2ème quadrimestre

Enseignant : Maxime Jean-Baptiste